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Qu’est-ce qu’une république numérique?
Publié il y a 38 minutes
Une femme entre dans une tente en forme d’igloo, haute de quelques mètres.
Un dôme de projection vidéo installé par l’Estonie au siège de l’Union européenne à Bruxelles. L’Estonie, qui occupe la présidence tournante de l’UE jusqu’ à la fin de 2017, souhaite montrer comment la technologie peut rapprocher les gens. Photo : Getty Images/John Thys
Québec a présenté sa première stratégie numérique, dans les derniers jours, alors qu’en Europe, l’Estonie fait figure de premier de classe dans le domaine. État des lieux.
Radio-Canada avec The New Yorker
Élaborée par la vice-première ministre Dominique Anglade, la stratégie numérique de Québec doit entraîner des investissements publics de 1,5 milliard de dollars au cours des cinq prochaines années et vise à améliorer la qualité de vie de tout un chacun.
Un idéal qui fait réfléchir quand on s’attarde à ce qui se fait en Estonie, pays balte de 1,3 million d’habitants et de 4 millions d’hectares dont la moitié est couverte d’arbres.
Là-bas, la gouvernance numérique est une réalité depuis 1997. On peut remplir sa déclaration de revenus en ligne depuis 2000. Les citoyens ont une identité numérique depuis 2001, et ils peuvent voter de chez eux, à partir de l’ordinateur, depuis 2005.
Quand les Estoniens vont chez le médecin, il n’y a rien à remplir dans les salles d’attente, parce que les médecins peuvent accéder aux antécédents médicaux de leurs patients. L’Estonien moyen remplit aussi sa déclaration de revenus en trois minutes.
Tout ce système fonctionne grâce à une carte à puce que chaque citoyen possède. À part les transferts de propriété physique, comme l’achat d’une maison, et les contrats de mariage et de divorce, tous les processus bureaucratiques se font en ligne, où les Estoniens ont accès à plus de 1000 services de l’État.
Le plus beau dans tout ça? Cette vaste numérisation des opérations de l’État permet à l’Estonie d’économiser 2 % de son PIB par année en salaires et en dépenses.
Une résidente de Tallinn, capitale de l’Estonie, vote de la maison grâce à sa carte numérique.
Une résidente de Tallinn, capitale de l’Estonie, vote grâce à sa carte numérique. Photo : Getty Images/Raigo Pajula
Innover pour survivre
En 1991, quand l’Estonie a profité de l’éclatement de l’URSS pour retrouver son indépendance, seulement la moitié de la population avait le téléphone à la maison.
Tout de suite, le gouvernement a jeté les bases d’un nouvel État en lançant le programme Tiigrihüp (Saut du tigre), qui visait notamment les chantiers de la citoyenneté et de l’éducation.
Le pays a lancé sa révolution numérique à grands coups d’installation de fibre optique, afin de développer son réseau. L’État a aussi veillé à ce que le nombre d’ordinateurs augmente sans cesse.
Quelques années plus tard, en 1999, toutes les écoles estoniennes étaient reliées au réseau haute vitesse, les fonctionnaires étaient tous formés au numérique et le secteur bancaire offrait tous ses services financiers en ligne.
C’est d’ailleurs grâce à ce réseau haute vitesse que Skype, logiciel qui permet de faire des appels téléphoniques ou vidéo par l’entremise d’Internet, a été développé en Estonie. Il est né en 2003.
L’e-citoyenneté
« L’Estonie est une génération numérique en avance sur le reste du monde », a lancé le producteur québécois Charles Stéphane Roy, de La maison de prod, en entrevue à La Sphère, à ICI Radio-Canada Première.
M. Roy est un des 28 000 individus qui, depuis 2014, ont profité d’un nouveau service offert par l’Estonie : la citoyenneté numérique.
L’e-citoyenneté permet notamment d’ouvrir un compte en banque ou de créer une entreprise. Elle ne donne toutefois pas le droit d’habiter dans le pays ou d’y voter.
« Depuis cinq ans, la démographie est en baisse en Estonie, indique-t-il. On partait de 1,5 million d’habitants et on est passés à 1,3 million. »
«Avec un taux d’immigration très faible, le gouvernement s’est demandé comment faire pour attirer plus de gens. Au lieu de mettre de l’avant leur qualité de vie environnementale ou sociale, ils ont misé sur la qualité de vie numérique.»
—Charles Stéphane Roy, producteur québécois
Ce pari a été payant pour le petit État balte, membre de l’Union européenne depuis 2004. Des 28 000 e-citoyens que compte l’Estonie, la grande majorité sont des entrepreneurs qui souhaitent profiter des avantages liés à l’accès au marché européen.
« Beaucoup d’entrepreneurs continuent d’opérer leur entreprise d’ailleurs dans le monde, mais toutes leurs affaires courantes passent par l’Estonie, parce que c’est plus simple », explique Charles Stéphane Roy, qui dit apprécier pouvoir faire sa déclaration de revenus en trois minutes.
Une demande de résidence électronique estonienne se fait en une dizaine de minutes et ne coûte que 100 euros. Une fois cette e-citoyenneté acquise, « on peut faire des demandes conjointes pour des fonds européens et on a accès à des fonds de démarrage d’entreprise », explique M. Roy.
Une belle façon pour le pays d’attirer des forces vives et de continuer à innover.
Pendant ce temps, au Québec
Au Québec, « ce qu’on fait, c’est le cadre du casse-tête », a expliqué Dominique Anglade, mercredi, quand elle a présenté la stratégie numérique de son gouvernement.
« Ça représente 1,5 milliard d’investissements publics sur les cinq prochaines années, dont 500 millions ont déjà été annoncés au cours des derniers mois », a résumé le premier ministre Philippe Couillard.
On dit notamment souhaiter que 100 % des Québécois interagissent de façon numérique avec le système de santé, que tous les citoyens développent davantage de compétences numériques, que 100 % des citoyens aient accès à des services Internet haut débit.
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