LE CRI DE MUNCH DES ERRANTS FANTOMATIQUES DE LA PHILOSOPHIE D’EN BAS ONT COMMENCÉ LEUR NANO-MIGRATION. ILS ONT MAINTENANT UN VISAGE CLÔNE DE MILLIARDS DE VISAGES… CELUI DE LA COLÈRE DES PERDANTS DE LA MONDIALISATION

Demandeurs d’asile
Devoir se débrouiller en pays inconnu

Déboussolés, les migrants doivent rapidement chercher à s’installer sans savoir où se diriger

18 août 2017 |Lisa-Marie Gervais | Actualités en société

Arrivés samedi dernier, Suze Dautruche et son fils Maxon devront quitter le centre d’hébergement sis dans l’ancienne école Saint-Raphaël d’ici la fin du mois.

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Arrivés samedi dernier, Suze Dautruche et son fils Maxon devront quitter le centre d’hébergement sis dans l’ancienne école Saint-Raphaël d’ici la fin du mois.

Malgré le vacarme de l’autoroute 40 et les travaux de construction dans l’immeuble en face, c’est le calme plat aux abords de l’ancienne école Saint-Raphaël, immeuble vacant faisant partie de la dizaine de centres d’hébergement de la région métropolitaine pour les demandeurs d’asile ayant traversé la frontière à Lacolle. Sur la pelouse inondée de soleil, Suze Dautruche et son fils de 16 ans, Maxon, tournent un peu en rond en attendant l’heure du dîner. « C’est impossible de rester en Haïti. C’est pire que tout en ce moment. Pire que le tremblement de terre », raconte la dame.

Son histoire ressemble à celles de centaines d’autres Haïtiens qui, comme elle, arrivent au Québec via les États-Unis ces derniers jours, craignant d’être expulsés par les autorités américaines : menaces de kidnapping et de viol, rançons et vols, peur et misère au quotidien. Et tout comme c’est le cas pour son amie Yolette, qui a tout perdu dans le séisme et qui a laissé derrière elle trois enfants et quatre petits-enfants, le Canada est apparu comme un espoir à Suze Dautruche. « Aux États-Unis, le président… enfin… ce n’est pas Obama », dit-elle timidement.

C’est Maxon qui a tapé quelques mots clés sur Internet. Il y aurait tout appris sur l’immigration au Canada, le chemin Roxham et les espoirs d’une vie meilleure.

Après deux mois passés chez nos voisins du sud pour visiter de la famille, sa mère et lui se sont fait reconduire à la frontière qu’ils ont traversée à pied, valises en main, il y a dix jours. D’abord hébergés dans des tentes militaires à Lacolle, les voilà en plein coeur de Montréal, à dormir dans des lits d’appoint dans une classe, avec mille questions en tête.

Est-ce que mon fils va pouvoir aller à l’école ? Où allons-nous pouvoir habiter ? Serons-nous renvoyés en Haïti ? Suze Dautruche semblait étonnée que ce soit une possibilité.

Incités à partir

Comme tous les demandeurs d’asile au lendemain de leur installation dans un centre d’hébergement, ils ont fait la file aux nouveaux bureaux du PRAIDA (Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile), près du métro Sherbrooke. Là, ils prennent connaissance des démarches légales à faire, reçoivent une carte Opus pour leurs déplacements, apprennent comment s’inscrire pour recevoir de l’aide sociale.

En attendant leur premier chèque qui les aidera à patienter jusqu’à leur audience devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR) à la toute fin de décembre, les Dautruche doivent se chercher un logement. Ils se sont fait dire qu’ils devaient quitter le centre d’hébergement à la fin du mois d’août.

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