Walter Benjamin
une vie dans les textes
essai biographique
acte sud 2009
extrait p.47
Pour la Pentecôte 1911, où les amène-t-il? En Thuringe, berceau de son éveil intellectuel (il a 19 ans). Dans le journal entamé dès cette époque, il théorise déjà cette posture de voyageur, d’emblée originale et sans modèle. Le voyageur Benjamin, dès sa prime jeunesse, se détache des deux modèles dominants: voyage contemplatif dans la nature et voyage formateur par la culture (variante du célèbre voyage qui forme la jeunesse) -excursion aux prises avec la force de la nature versus voyage de formation dans la culture européenne monumentale et muséale.
Le jeune voyageur intellectuel propose «un tertum entre les deux pôles opposés-complémentaires de l’excursionniste petit-bourgeois des fahrten (promenades) wilhelminiennes et le futur Gebildete (homme cultivé) qui stipule son compromis, difficile à écarter, avec le tourisme culturel. Empreint de dandysme et d’une certaine arrogance anarchiste, Benjamin fixe sa troisième voie, sous la forme d’une ligne de conduite singulière: «on ne devrait pas partir en voyage habillés n’importe comment, car voyager est un ACTE CULTUREL INTERNATIONAL: On quitte son existence privée pour entrer dans le domaine public- j’ai lu durant le voyage Anna Karenine: VOYAGER ET LIRE – une existence à mi-chemin de deux nouvelles réalités, aussi bien instructives que merveilleuses». Benjamin note ici une avancée décisive, OÙ LA LECTURE EST ESSENTIELLE AU VOYAGE, QUI EST AU FOND LUI-MÊME UNE LECTURE. Préfiguration de ce qui deviendra plus tard pratique décisive DE LA FLÂNERIE.
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COMMENTAIRE
On reconnait dans l’histoire de l’humanité une err(e)nce poétique réussie lorsque les étiquettes (voyage, promenade, ballade, flânerie,dérive etc…) deviennent à ce point personnalisées qu’il est impossible pour quiconque d’universaliser les attributs essentiels qui sont sculptées par chacune des vies personnelles œuvre d’art sous chacune de ces étiquettes.
En fait, le rapport créateur entre l’étiquette et ses attributs essentiels n’est qu’une trace, une nano-signature d’une œuvre d’art dont la beauté ne vaut dans sa définition que pour cette démarche ontologique et ne peut s’appliquer à aucune autre.
Ainsi, Baudelaire le flâneur et Benjamin pratiquant la flânerie n’habitant pas le même cadre théorique et la même théorisation d’une intuition créatrice ne déposent pas les mêmes attributs essentiels sous une étiquette qui semble à un lecteur non-averti sensiblement parentes.
En ce sens, le vagabond céleste de Simon Gauthier ne flâne pas, il resculpte en allumant rêveur après rêveur, l’éternité de l’île de l’instant présent pour archétypiser de l’espérance aux orphelins amputés de l’errance fantomatique comme ceux de l’errance axiologique, et cela tout autour de l’espace-monde. Hors temps, hors réalité hors servitude, le vagabond céleste fait voyager les quatre questions ontologiques de la flânerie spirituelle des sans réponse.
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Pierrot vagabond
l’île de l’éternité de l’instant présent
chansons de Pierrot
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Michel le concierge