J’ai passé les trois derniers jours à la bibliothèque de caraquet à lire le blog d’une serveuse du restaurant GRAIN DE FOLIE, Nadia Lacroix je crois.
Trois ans de passion des mots, plus de 250 entrées, avec un art du blogue qui grandit d’année en année.
L’art du blogue, ancêtre de facebook est un délicieux métissage entre le journal intime et la fenêtre impudique ouverte à l’autre pour que lui ou elle aussi s’investisse de phrase en phrase pour mieux et se connaître et mieux s’apprivoiser existentiellement.
On suit donc Nadia de son départ de la ville, à son retour à sa place natale, son achat d’une vielle maison qu’elle rénove, à son combat contre la maladie, entourée de l’amour de ses proches et de ses deux chats, Picasso et Roxane…
Ce qui me semble le chef d’oeuvre de ce blogue porte le titre LA GRANDE DEMANDE
Je n’ai pu résister au plaisir coupable de vous le partager, en souhaitant à cette Nadz si colorée que le tout un jour soit réuni en un livre, suivi d’un roman car, à mon humble avis, elle a maintenant le métier que donne la passion des mots pour imaginer des histoires, surtout que c’est une lectrice qui dévore les mots des autres, et cela depuis la tendre enfance.
je ne puis que souhaiter à cette grande rêveuse que les 4 questions de mon doctorat en philosophie politique (bien entouré de l’équipe des rêveurs équitables) lui servent de boussole pour l’avenir.
1- QUEL EST TON RÊVE?
2- DANS COMBIEN DE JOURS?
3- QU’AS-TU FAIS AUJOURD’HUI POUR TON RÊVE?
4- EN QUOI TON RÊVE PREND-IL SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?
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Nadz !
La grande demande
nov 24
Oui elle est arrivée, dans un moment où je ne m’y attendait vraiment pas et j’ai dis OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Bon ok, ok, pas de panique. On respire, sortez vos kleenex que je vous raconte tout ça dans les moindres détails.
Il était une fois un prince et une princesse. La princesse était pas mal tannée de toujours se faire fourrer, euh pogner, par de simples habitants. Elle rêvait la nuit de se faire kidnapper par un beau prince charmant sur son cheval blanc. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants….. FIN
Rewind, un vendredi soir, la princesse en fait c’est juste Nadz, et c’est loin d’être de la royauté. On planifiait de sortir, mon copain et moi ce soir-là, pour se dégourdir les jambes un peu et faire du soooocial. Il faisait froid, le soleil se coucha de bonne heure et Nadz, assise sur son sofa bien relaxe dans son habit de jogging laid était presque trop bien. Bref, ça ne me tentait plus de sortir, chose que, si vous me connaissez, n’arrive JAMAIS.
Mon chum, lui, avait tout planifié et ne s’attendait certainement pas que je lui garoche une phrase comme »Ah on dirait que ça ne me tente pu de sortir à soir, me semble que je resterais bien à la maison. »
Et lui de me répondre » Ben non Nadz, sort, ça va te faire du bien » (il a eu un peu peur, lui qui avait tout préparé!!!)
»OK OK mais c’est ben pour toi que je sors ce soir parce que moi ça me tente pas » que je lui rouspéta en pleine face.
On invite 2-3 amis à venir boire un peu ici avant de sortir. Moi je ne peux plus boire une seule goutte alors, je les regarde la salive qui coule et je les envie. Rien, je ne me doute de rien, personne n’est au courant sauf ma douce moitié et le band qu’on s’en va voir ce soir-là. Le plus grand des secrets, et le plus beau aussi. Je suis pourtant une personne qui se vante d’avoir une très bonne intuition, les yeux tout le tour de la tête, mais là, rien, je n’y vois rien sauf une autre soirée plate à rire du monde soûl quand moi je tète ma bouteille d’eau.
La soirée se déroule comme toutes les autres soirées du même genre, arrive au bar, l’ambiance est bonne, les gens sont gorlos, la piste de danse regorge de personnes qui piétinent sur place en regardant les autres autour d’eux. Il serait sacrilège de se laisser aller à juste danser et apprécier le moment, il est plus important de ne pas avoir l’air fou. Foutaise!
Je décide que malgré tout, je vais avoir une belle soirée, je me laisse entraîner par la musique et oublie mes petits tracas quotidien. C’est l’fun, le monde est sur le party, ça fait longtemps que je ne suis pas sorti de mon salon alors profitons-en!
Mes amis décident qu’on va aller jouer quelques parties de billard, bonne idée, j’embarque, pourquoi pas! Mon chum me glisse tout sournoisement à l’oreille, té tellement belle à soir que j’te marierais!!! Mon coeur fond, je l’embrasse du regard, le prend par la main et l’attire au fond de la salle pour commencer la partie. Ah qu’il me fait sentir bien malgré tout ce qui se passe dans ma vie.
On joue au billard, on est quatre pourris alors la game va être longue mais on rit et on a tout notre temps. Mes talons hauts me font souffrir, me foutant de tout, comme j’en ai si bien l’habitude, je les enlève et continue la partie juste en petit bas. De toute façon, c’est du tapis et ça me fait du bien. On ris, d’autres gens se joignent à nous, la soirée est bien partie!
Le band revient de leur break de mi soirée. La salle est bondée, le monde est sur le gros party. Je me sens comme si je suis la seule personne totalement sobre mais j’ai quand même du fun alors on s’en fou. J’entends la voix de la chanteuse au micro qui demande à mon chum de se rendre à l’avant. On est présentement au fin fond de la grande salle à la dernière table de pool disponible.
Mon chum part, d’un pas décidé en bredouillant de quoi comme s’il est surpris de se faire appeler au micro. Moi, la nouille, je ne me doute encore de rien, croyant tout bonnement qu’il a simplement dû oublier son portefeuille ou quelque chose du genre. Je continue à jouer ma game de pool nu bas sans perdre une seconde de ma concentration digne des olympiques du billard.
Je sors de ma rêverie en entendant la petite voix gênée de mon chum qui résonne quelques secondes plus tard dans les haut-parleurs du bar.
Nadz….pourrais-tu venir en avant svp
Hein!! J’ai dû mal entendre, c’est quoi s’t’affaire-là! Je fige une seconde, quelqu’un me joue un mauvais tour. Ah fuck it, je continue ma game, je me penche pour fesser la boule quand je ré-entend sa petite voix gênée au micro.
OK là, j’ai pas rêvé deux fois, il est vraiment bel et bien au micro en train de me demander de venir le rejoindre.
Le temps se fige, un million d’idée me passe par la tête, je commence un genre de out of body experience. J’oublie mes talons hauts sur le bord de la chaise, ma sacoche aussi reste sur le comptoir juste à côté de la table de pool et je pars presque en flottant vers la scène qui semble beaucoup plus loin qu’à l’habitude. Les gens se tasse à mon passage et je me fraie un chemin, nu bas, jusqu’à l’avant de la scène.
Mon chum est au micro, seul, et ne regarde que moi. C’est à ce moment que le souffle m’a coupé et que j’ai vraiment commencé à badtripper dans ma tête. Je me suis dis s’il est juste là pour m’annoncer à quel point il m’aime parce qu’il est trop soûl et qu’il ne se comprend pu, well tu va avoir l’air d’une méchante conne. Je me suis alors dit, that’s it, c’est LE moment, il va te demander en mariage. This is it!
Impossible il n’a pas de bague, on a passé la soirée ensemble et je m’aurais douté de quelque chose.
Toute la salle commence à faire Chuuuuuuuuuuuut, tout le monde, même les plus gorlos se taisent. Mon amoureux est le seul qui parle au micro, sa voix résonne à la grandeur du bar et moi la seule chose que je vois ce sont ses lèvres qui bougent et mon coeur qui va me sortir de la poitrine. Il me fait la déclaration d’amour du siècle, en tout cas, c’est ce que j’me dis parce que j’entends souvent le mot je t’aime entre les battements de mon coeur qui me claque dans les oreilles.
Je capote, je capote, je capote, that’s it, j’vais m’évanouir, le coeur va me lâché, je sens pu mes jambes, ça se peut pas, j’vais me réveiller c’est certain. Ok, prends sur toi Nadz et essaie d’apprécier le moment, il n’arrivera juste qu’une fois. Mon chum me dit que exactement 8 mois passé, on s’est rencontré directement où il est maintenant. Et là, j’vois ce moment me défiler dans ma mémoire comme quelques instants avant ta mort et que tu vois ta vie défiler.
Oui, c’est vrai, 8 mois passé j’étais sortie ici avec des amies de filles après une soirée au resto. On était arrêtée prendre une bière et il était là, assis juste à côté de moi, un parfait inconnu. Je discutais alors avec son ami, plutôt je criais après son ami parce que la musique était tellement forte qu’on ne s’entendait pas parler. Il était là, entre nous deux, souriant, beaux yeux bruns. Je me suis sentie cheap de lui crier par dessus alors je me suis présenté à lui, Salut, moi c’est Nadz. Pour lui ce fût le coup de foudre instantané, pour moi, il n’était qu’un numéro parmi tant d’autre. Depuis ce soir-là, on ne s’est jamais quitté et je suis tombé sous son charme dans les semaines qui suivirent. The rest is history…
Je reviens au moment présent, il est encore sur la scène, je suis seule à l’avant de lui, la foule m’ayant fait une place juste pour moi. Il termine son discours en disant quelque chose comme c’est pour cette raison que je te demande si tu veux bien devenir ma femme et sa main se dirige dans la poche droite de ses jeans.
LÀ je capote, je capote, je capote, je suffoque, je ne peux plus respirer, je ne souris plus parce que je me retiens de simplement tomber dans les pommes. Je suis là, en avant de genre 200 personnes, sobre, probablement la plus sobre de tous, nu bas, et l’homme de ma vie s’en vient avec quoi, une petite boite en velours dans la main.
OK LÀ je capote, je capote, je capote, encore plus. Je n’ai RIEN mais RIEN vu venir. Mais quand est-il passé chercher ça cette boîte-là ??? Je n’y comprend plus rien. Lui, le plus bel homme de la salle, le mien, celui que j’adore, est là, à genoux, devant moi, la boîte ouverte sur une bague qui brille et attend que MOI je lui donne une réponse.
Nadz, relaxe, respire, revient dans le moment présent, coudons toutes tes séances de méditations et de yoga ne t’ont vraiment servi à rien. Incapable de répondre quoi que ce soit quand ma tête elle crie OUIIIIIIIIIIII
Je ne peux que hocher la tête en signe de oui, je me sens légère, je vais certainement péter au frette directement ici. Je l’aime tellement d’avoir eu le courage de faire un fou de lui et une folle de moi pour nous donner un moment qu’on se rappellera pour le reste de nos vies.
Je ne peux rien dire de plus, sauf que c’est LUI https://lesaventuresdenadz.wordpress.com/2013/04/23/
Nadz
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Pierrot vagabond