Autant le conte Evangéline de Longfellow, post-moderniste avant l’heure par son transcendalisme visant une religion civique planétaire et son cosmopolitisme, avait réussi l’incroyable triplet fondateur (le melting pot américain au creux de l’anglo-protestantisme, l’ennoblissement cadien de la Louisiane donnant droit au rêve américain, et la renaissance acadienne romantisant le grand dérangement… (Joseph Yvon Thériault, les légendes d’Evangéline)…
autant l’écriture théâtrale d’Emma Haché poursuit l’oeuvre constructiviste de Viola Léger par des personnages de résistance rebelle, sauvage et archétype…
Mais dans une perspective nano-moderniste… Le post-modernisme ayant mis fin aux grands discours idéologiques au moyen de micro-discours ou l’individualité puise dans le centre d’achat de l’humanité plurielle pour recentrer les fondements existentiels (Joseph Yvon Thériault), Emma Haché nous invite à la suivre dans son cri acadien vers l’universel d’une pièce de théâtre à l’autre.
Son écriture est unique… comme ancrée dans son groupe ethnique ( les acadiens ayant été victimes du premier nettoyage ethnique, de la première tentative par un état moderne de radier systématiquement une population de son territoire pour cause d’incompatibilité ethno religieuse (Joseph Yvon Thériault)….
L’écriture du théâtre d’Emma Haché traverse les frontières imaginaires des différentes Evangélines pour réinventer le cri de Munch, autant dans la chair essentiellisée d’une prostituée dans TRAFIQUÉE…. que dans les blessures incompatibles au sein d’un pays en ruine, d’un soldat alllemand et de sa campagne enceinte dans L’INTIMITÉ.
Le cri d’un scandale d’Emma Haché n’a pas de frontières, ni de langue ni de race ni de religion, mais ne peut renier son origine, le nettoyage ethnique acadien.
Oui, Emma Haché représente pour le bouleversement que j’ai eu à la lire, l’évangeline nano-moderniste issue de Viola Léger affranchie de tous les stéréotypes historiques tournant autour de Longfellow comme de la Sagouine, pour mieux sculpter l’appel aux droits abstraits de la justice équitable partout sur la planète par l’authenticité corrosive et incontournable de sa dénonciation théâtrale.
Pierrot vagabond
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