Le devoir
2 août 2018
Pauline Gravel
LA RECHERCHE DE VIE HORS DU SYSTÈME SOLAIRE SE PRÉCISE
La recherche de vie hors de notre système solaire se précise. Des scientifiques de l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni, ont déterminé sur quelles exoplanètes la vie a vraisemblablement pu se développer grâce aux conditions lumineuses particulières auxquelles elles sont soumises.
Parmi elles figure la « cousine » de la Terre, Kepler 452b, dont on a annoncé la découverte en juillet 2015.
En plus de se situer à une distance de leur étoile permettant la présence d’eau liquide à leur surface, ces exoplanètes reçoivent un rayonnement ultraviolet suffisamment puissant pour induire la série de réactions chimiques ayant conduit à la synthèse des composés chimiques à la base de la vie sur Terre, révèle une étude publiée mercredi dans la revue Science Advances.
Lors d’expériences de laboratoire reproduisant le scénario photochimique susceptible d’avoir abouti à la formation de nucléosides (molécule constituante de l’ARN et de l’ADN), d’acides aminés et de précurseurs des lipides — trois ingrédients de base de la vie — sur Terre, les chercheurs ont pu déterminer l’intensité des rayons ultraviolets qui était requise pour que se produisent les réactions chimiques à l’origine de l’émergence de la vie.
Ils ont ensuite recherché parmi les multiples exoplanètes découvertes à ce jour celles qui étaient exposées à des conditions similaires, tout en étant situées dans la zone habitable par rapport à leur étoile, c’est-à-dire la zone où la température permet la présence d’eau liquide à leur surface.
« En comparant la lumière des lampes utilisées dans le laboratoire à la lumière émise par les étoiles, nous avons pu déterminer quelles étoiles étaient susceptibles de produire l’intensité lumineuse requise pour créer une zone d’abiogénèse [où la vie peut être générée à partir de matière non vivante] et voir s’il se trouvait des planètes dans cette zone », précise le premier auteur de l’article, Paul Rimmer, stagiaire postdoctoral à l’Université de Cambridge.
« Des conditions différentes sont nécessaires pour obtenir chacun des composés de base de la vie, mais peut-être que ces différentes conditions se sont succédé tout naturellement sur la Terre, ou bien peut-être que les différentes réactions chimiques ont pu survenir dans une sorte de mare où tous les composés chimiques se mélangent », précise Paul Rimmer.
Une vie différente ?
«Créer la vie n’est pas simple. Les scénarios [que des chercheurs ont proposés pour expliquer son apparition] précisent les éléments de base qui sont essentiels à l’émergence de la vie, mais il y a probablement plein d’autres ingrédients ou conditions qui sont nécessaires pour obtenir quelque chose qui ressemble à la vie, et que nous ne connaissons pas », souligne-t-il.
La vie pourrait-elle être différente ailleurs ?
« Certains biologistes et paléontologistes pensent que la vie aurait émergé et évolué de la même manière que sur Terre peu importe le type de planète sur laquelle elle serait apparue, alors que d’autres biologistes croient que si on revenait en arrière sur Terre et qu’on réintroduisait la vie sur Terre, on obtiendrait quelque chose de complètement différent. Tant que nous n’aurons pas découvert de vie ailleurs, ces deux théories sont plausibles », répond le chercheur.
Parmi les quelques douzaines d’exoplanètes détectées à ce jour qui sont présentes dans la zone habitable de leur étoile et qui sont vraisemblablement rocheuses, les chercheurs en ont trouvé une, dénommée Kepler 452b, qui serait soumise à une intensité lumineuse susceptible d’induire les réactions chimiques menant à la formation des ingrédients de base de la vie.
Cette exoplanète dont le diamètre est 1,5 fois plus grand que celui de la Terre tourne autour d’une étoile très semblable à notre Soleil.
M. Rimmer espère que le télescope TESS de la NASA, qui a été lancé en avril dernier, permettra de découvrir d’autres systèmes planétaires comme celui auquel appartient Kepler 452b, qui seront situés plus près de nous et qui, de ce fait, seront plus faciles à étudier.
« Les lunes rocheuses que peuvent posséder des planètes géantes gazeuses pourraient aussi s’avérer des lieux propices à la synthèse des ingrédients de base de la vie si elles contiennent les molécules chimiques essentielles et reçoivent le rayonnement ultraviolet adéquat de leur étoile. Nous n’avons toutefois pas encore détecté de telles lunes », avance le jeune astronome.
« Il est très probable que dans 20 ans, nous saurons si la vie est abondante ou rare ailleurs dans l’univers. Nos méthodes de détection se raffinant, nous devrions pouvoir repérer des signatures de la présence de vie, si celle-ci est vraiment commune dans l’univers. Si nous trouvons une bonne quantité de biosignatures sur différentes planètes, nous saurons qu’elle est commune. Mais pour le moment, je n’ai aucune idée de la réponse », lance M. Rimmer.
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