16 MAI 2021 …. TRAITÉ DES ABS… EXPOSÉ 2: l’ABS-RÊVANCE ENCHANTÉE

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JOURNAL D’UN VAGABOND-CHERCHEUR

Pierrot le Vagabond Chercheur |

JOURNAL

Lac St-Louis en folie - Tourisme Haute-Mauricie

TRAITÉ DES ABS …. 2 IEME EXPOSÉ ……  L’ABS-RÊVANCE ENCHANTÉE

Dans le ier exposé du traité des abs, nous avons vu que …. la question… quel est ton  rêve? …. convoquait chacun de nous à remettre en jeu son ex-istence lorsque celle-ci a perdu son sens dans la vie…. de là ….. une précarité trop douloureuse du JE …. allant même jusqu’à …… l’absence totale de sens….

À partir du terme abs-cence … Nous nous sommes demandés  … Mais que signifie donc le préfixe AB…

Selon un des sens du dictionnaire…. il est dit que …. le ab …. c’est l’élément central de la personne humaine, c’est le cœur, muscle noble, siège de la vie et du comportement moral c’est-à-dire source du bien et du mal, élément fondamental de la vie humaine.

De là est né…. le premier item du traité des abs….. ABS-XISTENCE …. Mais, nous sommes-nous demandés.  quelle est donc la différence entre l’ex-istence et l’abs-xistence…. ? Serait-il logique de dire que la question… quel est ton rêve? …. surgit avec urgence…  quand dans son existence a perdu tout son sens parce que ….  le coeur n’y est plus?

Nous en avons conclu que l’abs-xistence, c’est la réponse à  l’absence de sens que constitue son existence quand le coeur n’y est plus…. provoquée par une simple question:

QUEL EST TON RÊVE? ou plus énigmatiquement, quel est donc ce rêve de vie qui se cache dans ton coeur depuis toujours?

Mon hypothèse principale est que toute abs-xistence est faite de débris de la mémoire du coeur qui nous revisitent de nouveau avec poésie quand notre existence est en train de perdre son sens parce qu’elle s’éloigne de son rêve de vie qui lui donnait son sens au départ.. au niveau du coeur.

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Dans le deuxième exposé du  traité des abs …. je tenterai de bien illustrer ce point de bascule entre l’existence à l’abs-xistence, provoqué par la question… quel est ton rêve? …. en nommant plus précisément les caractéristiques d’un débris de la mémoire du coeur sous sa forme cryptée de fragments poétiques de notre propre rêve de vie ……

ABS-RÊVANCE ENCHANTÉE.

POUR BIEN ILLUSTRER LES CARACTÉRISTIQUES DE CE DEUXIÈME ABS DU TRAITÉ DES ABS ….

Permettez-moi de reprendre, mot pour mot….  l’anecdote de la pièce de théâtre en vers de Molière… que je commenterai plus en profondeur, entre les paragraphes ….pour mieux illustrer ce que signifie une ABS-RÊVANCE ENCHANTÉE comme point de bascule entre une existence qui a perdu son sens, donc égarée dans l’absence de sens ….  et une abs-xistence qui retrouve le sens , convoquée par la question… quel est ton rêve?

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Le texte du ier exposé commençait de la façon suivante:

RÉCIT

Je me rappelle… Je devais avoir moins de 30 ans… J’étais marié….

COMMENTAIRE

Quelle drôle d’histoire que ce mariage…

Avant …. J’étais célibataire ….Je vivais en chambre dans le Vieux Montréal, heureux et le soir je chantais au café St-Vincent… J’avais réussi dans un temps à n’habiter que la poésie. Le décors était parfait…. Un poète Paul Gouin, indépendant de fortune, avait acheté cet immeuble pour que Jeanne, sa maitresse y ouvre un café avec une scène…. Juste devant, y a la ruelle des peintres…. On aurait dit un village impressionniste blotti dans le rêve du poète Paul Gouin…. Une vraie carte postale d’une bohème aristocratique heureuse…. Le temps s’était arrêté de lui-même…

J’osais à peine respirer tellement j’étais ébloui de cet enchantement de vivre poétiquement sous forme de boîte à chansons … je n’étais rien, je n’avais rien… J’habitais une petite chambre sur la rue St-Paul dans le vieux Montréal, dernier étage, dans un grenier…. Il faisait froid, il faisait faim… mais j’avais mon cahier de chansons….ma guitare  et un vieux dactylo pour en inscrire de nouvelles tout en tentant d’en déchiffrer les accords….

Parce que je ne connaissais aucune chanson par coeur … sauf… la bohème de Charles Aznavour…. mais j’apprenais du Brassens, du Ferré, du Ferrat, du Félix Leclerc, Ferland, Vigneault, du folklore québécois… Et je composais les miennes à travers cela.

Je gagnais 45 dollars par semaine… 15 pour ma chambre, 15 pour manger 15 en banque… Comme j’avais besoin de rien…. le peu que ce gain représentait me parut somptueux. Parce que c’était de l’argent uniquement gagné par mon rêve …. sans concession pour les irritants reliés aux biens matériels du quotidien.

Vers 5 heures du soir, Je marchais à pied de ma chambre au café St-Vincent… que celle qu’on appelait gentiment …. la mère Martin ….. gardait ouvert l’hiver même s’il n’y avait pas assez de monde dans la salle pour que cela soit rentable…

Et sur scène, je m’enfonçais dans mon cahier de chansons comme on habite un rêve sous forme d’écriture qui cache des fragments de rêvance heureuse. Chansons dont je relisais les textes en les chantant comme si c’était la première fois que j’en prenais connaissance par le biais de la beauté du monde en chacune d’elle.

Madame martin et Monsieur Gouin habitaient en haut du café St-Vincent…. le petit ascenseur étant situé juste à la droite de la scène… Il arrivait parfois que le poète Paul Gouin descende en plein spectacle en robe de chambre par le petit ascenseur… y restait quelques minutes, s’assoyait en sirotant un cognac …. puis remontait….

Il faut dire que ce qui comptait pour Paul, c’est que le public chante comme s’il était autour d’un feu de camp…. que le chansonnier-animateur se fasse poète de lui-même par le respect de la poésie même du rêve de Paul et de Jeanne qui avait donné naissance à ce café.

Puis entre les sets…. Ah marcher le vieux Montréal , quand même… c’était marcher un rêve qui contenait un rêve…. Un village de carte postale bien caché dans le tissu urbain de Montréal.

Chez le père Leduc, une espèce de shack bar ouvert 24 heures par jour pour les villageois du quartier, le poète Paul Gouin avait sa table réservée dans le fond pour écrire sa poésie…

A l’époque, je n’avais pas les mots… mais je peux dire que, pendant au moins deux ans,,, j’ai vagabondé l’abs-xistence en chantant sur scène trois ou 4 soirs par semaine, 52 semaines par année … sans avoir eu besoin d’ex-ister…. tout à fait abs-ent de toute existence…..  pauvre, sans le sou, sans dépendance, juste heureux de rêver…..  heureux au coeur d’un rêve infiniment plus grand que le mien, le rêve  du poète Paul Gouin.

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Mon père avait fini par me retrouver… et, inquiet de mes choix de vie, m’avait dit… tu devrais te marier… J’avais personne…. un soir une jeune femme qui ne buvait que de l’eau était dans la salle… je l’avais remarqué… je suis descendu de la scène et je lui ai dit… mon père m’a demandé de me marier… un des critères c’est que la personne ne boive pas… alors si ça vous intéresse…. (du moins c’est mon souvenir)

Puis, d’un soir de scène à l’autre, les lois de l’attraction se camouflant en moi pour ne pas nuire à la survie de l’espèce…. je me mariai et je me rappelle que durant la cérémonie, au moment de dire oui … j,ai eu soudain le courage de me virer de bord, de regarder la salle et de dire… Désolé… la réponse c’est non… ce n,est absolument pas  mon rêve de me marier…. Mais j’ai vu le visage de mon père et je me suis… ok… un oui… c’est pas plus grave que ça… je pars en tournée demain….

Et effectivement je partis en tournée à Gatineau….. J’avais trahi mon rêve et je ne savais plus comment m’en sortir….

C’est ainsi que, , dès le lendemain du mariage, la poésie me déserta, aussi énigmatiquement  qu’elle m’était accompagnée durant des mois dans ma petite chambre du Vieux montréal…..

Cela se produisit par le biais d’un événement tout simple… j’avais un lit à trois pattes et la quatrième était remplacée par un dictionnaire… Le mariage fit en sorte que le besoin d’acquérir des biens matériels devint besoin essentiel… ce qui est normal  quand on existe, mais anormal quand on abs-ixte.

et c’est quand je vis mon lit à 3 pattes sortir de l’appartement avec le dictionnaire pour être remplacé par un lit neuf que je vis la poésie me fuir avec lui, parce que je l’avais trahie dans son intrinsèque.

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Et ce voir ce simple dictionnaire me fuyant poétiquement ,,,,, j’en fus profondément blessé. J’avais confondu le rêve de mon père avec le mien… je ne m’étais pas rendu compte que j’étais déjà marié avec la poésie. Je n’avais pas le mots… mais je savais que seule la fuite me permettrait peut-être de faire le bilan…

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SUITE DU RÉCIT

C’est ainsi que je me mis à ex-ister… marié avec une femme charmante.. qui …. tenait, avec raison d’ailleurs … à ce que , ce Noel-là ou ce jour de l’an là… je me dépêche de partir de Hull après ma prestation sur scène à la brasserie «les raftmen» qui finissait à minuit ….   pour fêter avec sa famille…. la mienne étant à l’extérieur de Montréal.

COMMENTAIRE

Le seul moyen que j’avais trouvé pour tenter de reconquérir la poésie en moi fut de partir en tournée le plus souvent possible… de ne passer entre deux spectacles que pour faire mon lavage et le nécessaire relié à mes responsabilités d’ex-istant…

Je cherchais quelque chose qui n’ex-iste pas…. qui n’a jamais ex-isté et qui n’ex-istera jamais. Et je vivais cela nuit et jour… jour et nuit …

J’adorais aller chanter aux îles de la Madeleine au couvent chez Gaspard. Car chaque contrat durait un mois…. wowwww…. Je dormais seul dans le couvent au dernier étage, la nuit… Je vivais dans le silence le plus total… Je marchais les rouleaux de neige, je cherchais à sortir de l’ex-istance en n’ex-istant pas , tout en chantant le soir. Je cognais aux portes de mon rêve mais même le réussir ne m’intéressait pas à moins qu’en même temps j’en découvre les lois pour que tous puissent avoir accès à ce que j’appelle aujourd’hui L’ERRANCE POÉTIQUE.

qu’est-ce que l’errance poétique, c’est le droit absolu de vagabonder la vie comme si on était son poète et elle notre poème.

En fait, il n’y avait qu’aux iles de la Madeleine ou je pouvais dans la réclusion la plus absolue poursuivre mes recherches sur le rapport entre ma vie et le rêve de ma vie, ce que j’appelle aujourd’hui dans le traité des abs, le rapport entre l’ex-istence et l’abs-xistence.

Tous les autres endroits ou je chantais au Québec, dont la brasserie les rafftmens à Hull, se vivaient plutôt comme d’incessants voyages en automobile ou, d’un spectacle à l’autre, on avait à peine le temps de ne plus exister pour mieux saisir pourquoi l’existence devient si problématique en soi quand on est ……un rêveur-chercheur de lois qui rendent possibles cette rêvance enchantée sur terre..

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SUITE DU RÉCIT

Il est minuit… Je termine ma prestation à la brasserie les raftmen de Hull… Je sors… tempête de neige… Mon bouchon de gaz s’ouvrait avec une clé… Je tente de l’ouvrir… ma clé crochit… Je la laisse dedans pour ne pas provoquer l’irréparable… Il me reste juste assez de gaz pour me rendre à Montréal que je me dis et respecter ma parole…

COMMENTAIRE

Dans le fil de l’existence, il arrive parfois que des brisures impossibles de temporalité soudain vous sorte de l’état zombie-d’exister …

Il est minuit… je suis bien intentionné ma clé casse dans le bouchon de gaz… J’ai à peine du gaz pour me rendre à Montréal et respecter ma promesse… Je décide de jouer le tout pour le tout… Je pars même si j’ai toutes les chances de ne pas y arriver… surtout qu’il y a en plus ….. une véritable tempête de neige qui s’amorce.

. wow…. Je provoque l’impossible…. Je me rendrai coûte que coûte pour la fête… Je ferai un homme responsable de moi … puis finalement je fonce….

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SUITE DU RÉCIT

Je prends la route… et soudain… la radio fm de Radio-Canada passe en cette nuit de Noel ou du jour de l’an… je ne sais trop… une pièce de Molière en vers commence…. Je suis ému aux larmes… Et je me dis… comment se peut-il qu’en cette nuit de Noel ou du jour de l’an… pris dans une tempête de neige sur l’autoroute… je puisse recevoir le cadeau d’une pièce de théâtre de Molière en vers…

Il ne me reste presque plus de gaz… qu’importe… la poésie avant tout… j’écoute la pièce de Molière au complet… et les vers dansent comme de la neige folle… Je suis heureux…

COMMENTAIRE

Une tempête de neige, une auto immobilisée avec un bouchon de gaz brisé, la nuit même de Noel ou du jour de l’an et une pièce de Molière…. me voilà soudain propulsé hors temps, hors réalité, hors servitude…. dans ce que je vis comme un évènement qui fait battre mon coeur comme pour me dire quelque chose d’essentiel que je n’arrive pas à déchiffrer.

C’est la nuit, je n’ai presque plus de gaz, on est dans une tempête de neige et les vers de Molière dansent…. Qu’est-ce qui fait que je préfère la neige, le bouchon de gaz, la nuit, la pièce de Molière en vers  à mon mariage?

On dirait un rêve dans un rêve…. C’est peut-être ça la poésie que je me suis dit… Un rêve dans un rêve….

Aujourd’hui, par le traité des abs … je peux dire que j’ai vécu un débris de la mémoire du coeur qu’on pourrait définir comme une séquence d’abs-rêvance enchantée, qui me rappelle que je suis en train de trahir mon rêve de vie.

La neige, le bouchon de gaz, la nuit de Noel ou du jour de l’an et la pièce de théâtre de Molière en vers, étaient constitués d’agrégats de rêvons dot la fonction était de me rappeler que j’avais triché avec mon rêve

des agrégats de rêvons….. on pourrait les comparer à une nuée d’outardes dans le ciel qui volent au-dessus de notre existence….

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SUITE DU RÉCIT

Je repars… Il doit être près de 3 heures du matin….Qu’importe… Je vais être bientôt à sec de gaz… qu’importe …. au moment ou j’allais manquer de gazet soudain… j’arrête à une entrée… station de gaz… elle est ouverte… quand même… le Monsieur joue avec mon bouchon de gaz… il casse la clé mais l’ouvre en même temps… Il remplit l’auto d’essence… Il y pose un  chiffon pour boucher l’ouverture… Je repars…

Il doit être 4 heures du matin quand j’arrive…. mon ex me dit… «tu m’as trompé» … et je lui réponds «OUI, AVEC UN PERSONNAGE DE MOLIÈRE»

Et je vais me coucher….  Oui j’ai commis le crime de tromper mon ex- femme avec la poésie de Molière…. et j’en ai payé le prix….

COMMENTAIRE

Je ne me rappelle plus rien de ce mariage-là… mais le petit film amateur de la nuit de la pièce de Molière, je peux le rejouer et le rejouer avec le même enchantement avec lequel je l’ai vécu la première fois.

CONCLUSION

QU’EST-CE QUE L’ABS-RÊVANCE ENCHANTÉE?

C’est un débris de la mémoire du coeur, portant le secret d’une suite de débris de la mémoire du coeur qui, de l’enfance à l’âge adulte, contient , par fragments tout le rêve d’une vie dans sa convocation ultime, témoignant d’une suite de points de bascule entre l’existence et l’abs-xistente, ou bien dit autrement….  entre la condition humaine reliée à l’espèce et la vie personnelle oeuvre d’art reliée à la personne humaine comme humanité oeuvre d’art en soi.

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À VENIR

TRAITÉ DES ABS …. 3 IEME EXPOSÉ ……  L’ABS-CONSTELLATION DE CHAMPS DE RÊVONS

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