QU’EST-CE QU’UN PHILOSOPHE À L’ÈRE DE LA NANO-MODERNITÉ? … jE DIRAIS QUE C’EST UN POÈTE DE L’ONTI-KHA-TIF AU SERVICE DES PLUS SOUFFRANTS DE L’ONTI-KE SUR TERRE …… DANS UN MONDE DÉSENCHANTÉ OU LA SHOA A TUÉ LA CRÉDIBILITÉ MÊME D’UN DIEU PERSONNEL …. CE PHILOSOPHE SE DONNE COMME PREMIER MANDAT DE RÉENCHANTER LA PLANÇTE TERRE PAR UN RÊVE D’UNE HUMANITÉ OEUVRE D’ART QU’IL PORTE COMME UN ÉTENDARD, COMME UN MANIFESTE, PAR L’HUMILITÉ LUMINEUSE DE SA PROPRE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART …. EN CE SENS… PENDANT QUE JE CHANTAIS DURANT PLUSIEURS ANNÉES AU CAFÉ ST-VINCENT … TROIS ITINÉRANTS DES RUELLES DU VIEUX MONTRÉAL M’ONT OBLIGÉ À ME DÉNUDER DE CONNAISSANCE POUR MIEUX FAIRE CORPS AVEC CHAQUE CHANSON…….. PHILIPPE, L’ARTISTE ET LE PÈRE LAMONTAGNE.

Cher Philippe, cher artiste, cher père Lamontagne

Comme de vous voir, soir après soir à travers la fenêtre de garage ouverte à la gauche de la petite scène ou je chantais m’a obligé à me poser une drôle de question: Qu’est-ce que l’histoire de la philosophie a fait pour chacun de vous trois?

Philippe avait été jeune médecin durant la seconde guerre mondiale… Il était déjà agé quand je l’ai croisé dans les ruelles du Vieux Montréal. C’est le seul détail que je connaissais de lui … à cause d’une anecdote… Un jour… un Monsieur l’a reconnu et s’est agenouillé devant lui en pleurant le remerciant de lui avoir sauvé la vie durant la guerre…. Philippe n’a jamais voulu le reconnaître … Il est parti sans dire un mot…… Je fus ébranlé.. très…. Rien dans l’histoire de la philosophie ne me permettait de rendre compte de la scène à laquelle j’avais assisté.

Je me rappelle d’avoir monté sur scène, soir après soir et de m’être dit que la salle devant laquelle je chantais était un décor de théâtre impossible ou des personnes humaines venaient se reposer de la dramaturgie que constituait leur quotidien au fil d’or même de nos chansons.

Comme je me sentais à la fois protégé et en même temps aux premières loges des souffrances de la k-ondition humaine ….Je me rappelle de cette dame dont le fils saoul avait mis le feu à un bar … d’ou de nombreuses personnes étaient décédées… elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. C’était une amie de Jeanne d’Arc la serveuse… Et de cet autre client , chauffeur de taxi , qui avait tué une autre personne dans un accident d’automobile… et cette personne, si je me rappelle bien était sa mère assise à côté de lui. Ce n’était pas de sa faute… mais le choc post-traumatique le transperçait devant moi de soir en soir…

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Comment on peut oser être philosophe devant tant de souffrance devant soi?

J’ai parlé du vagabond-itinérant Philippe, qui avait été jeune médecin durant la deuxième guerre mondiale… Mais le plus bouleversant était L’ARTISTE… qui venait de ma propre ville de La Tuque….

Quand j’étais petit à l’école… la carrière de vagabond de l’artiste avait commencé par la capacité d’arrêter les trains sur la voie ferrée de l’école St-Eugène ou je faisais l’école primaire avec comme professeure une naîne que nous surnommions cruellement… Ti-cul Gervais…  Tous les conducteurs de train connaissaient l’artiste…. La police aussi …. L’artiste changea finalement de carrière pour devenir professeur de chant des oiseaux dans un parc. Je ne me souviens plus très bien comment j’avais appris tout cela… Mais le jour ou le premier ministre du Québec René Lévesque écrasa l’artiste qui dormait en plein milieu de la rue…. je fus saisi de philosophie vacillante….  Qu’est-ce que l’histoire de la philosophie avait fait pour toi l’artiste? A ta mort, je n’étais déjà plus au St-Vincent.. Je faisais carrière avec Denis Lamarre …. Je n’étais pas encore vagabond céleste … mais à cause de Philippe et de l’artistre, j’étais devenu philosophe vagabond…. Non seulement la partie vagabonde de moi-même refusait de mourir… mais elle prenait toute l’expression poétique durant que je chantais LA BEAUTÉ DU MONDE PAR LE RIEN. Une nuit d’hiver, ami artiste.. alors que je finissais de chanter au café St-Vincent…  je t’ai emmené coucher dans ma petite chambre du grenier de la rue St-Paul… Je t’ai donné mon lit… mes vêtements… j’ai couché par terre… On ne s’est pas vraiment parlé. Tu avais froid… j’avais froid intérieurement de ton froid…. Je comprenais philosophiquement et cela intimement ton choix de carrière…. IL FAUT ÊTRE PRÊT À SOUFFRIR POUR SON RÊVE… et tu rêvais le monde par la poésie du rien en le souffrant dignement… dors en paix ami…

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Quand au père Lamontagne… c’était celui dont j’étais le moins prêt … peut-être parce qu’il faisait faire des tours de carrosse à trois roues aux touristes en échange d’un peu de monnaie … Je ne sais trop….

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Philippe, l’artiste, père Lamontagne

Ti-Jean Marcoux, c’est toute ma gagne

Café du port jusqu’à la croute

c’est ma bohème qui est en déroute

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Ti-Jean Marcoux était un  chansonnier qui possédait sa propre boîte à chansons … à l’autre bout de la rue Bonsecours… Entre deux sets au café St-Vincent… je marchais du café St-Vincent à la boîte à Ti-Jean en passant par le casse-croute la Croute… puis je revenais juste à temps pour monter sur scène…. La chambre à Ti-Jean Marcoux était juste à coté de la petite scène ou les artistes se produisaient au chapeau….

Quand la pègre de Cotroni rentra au St-Vincent…. ce fut pour moi l’horreur… La poésie du père Gouin devenait un commerce géré par la pègre.  Ce fut ma plus grande histoire d’horreur ontike vécue dans le Vieux Montréal… de là le fait que j’eu la chance de fonder les deux Pierrots protégés par un ancien policier… Jean Perron.

QU’EST-CE QU’UN PHILOSOPHE?

Pierrot vagabond