Tout mon passé de poésie vient frapper à ma porte la nuit…. et soudain… je me revoie… me cherchant une tombe d’enfant devant laquelle dormir pour mieux porter en moi la condition humaine souffrante ….
Parfois… la douceur du vent… une pelouse fraîchement coupée, un soleil saisissant de rougeur et mon vieux chapeau, mon vieux sac à dos, mon vieux bâton de pélerin, ma vieille guitare… et moi plus vieux que tous les socles abjectaux artéfacts de mon minimalisme qui trainaient en poudrée de lumière les peines du monde que le vagabond céleste portait en lui .
Soudain je choisissais ma tombe d’enfant… souvent la plus vieille du cimetière… celle qui gémissait le plus d’abandon… comme gémissent en moi les millions d’enfants abandonnés à travers le monde et je me collais contre le socle en tentant de saisir l’énigme…
Je ne suis pas croyant… Je ne crois pas l’avoir jamais été … trop insulté de ma destinée privilégiée… Denis.. mon partenaire de scène me répétait parfois cette phrase: «Pierrot, toi tu peux pas comprendre les autres… t’as tout reçu de la vie»…
Peut-être avait-il raison… Plus je me faisais pauvre, plus je débordais de richesse… impossible d’être atteint par un malheur sur moi-même… j’étais personnellement un handicapé de la souffrance… Comment cela se pouvait-il?… Tant de brosses d’être.. tant d’attaques d’être…
J’avais beau assister à 7 messes pa rjour à l’oratoire… dormir sous une galerie… me taper la théologie protestante et catholique… tout cela n’était pour moi qu’un mauvais cauchemar dont se servaient les errants axiologiques pour condamner à l’invisible les millions d’errants fantomatiques de la planète… Une arnaque…
Du matin au soir… à l’oratoire… je ne voyais que fraude dans les rituels de l’Eglise catholique… et je m’enfuyais…. Comme c’est fou… on peut être un chercheur en métaphysique, un simple journaliste d el’être et on pouvait être pris pour un saint… Comme c’est fou… on pouvait être qu’un évadé de la réalité sur une scène et l’on pouvait être pris pour un artiste…
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RICHARD FONTAINE
PEINTRE
ALLUMEUR D’ETERNITE
toi le meilleur peintre de l’auberge
toi l’Innu aux yeux de velours
toi dont les doux pinceaux
submergent
les peines du monde par ton amour
les peines du monde par ton amour
COUPLET 1
c’est ton nain d’jardin
qui t’écrit cette nuit
cher Innu
t’es mon meilleur ami
j’vais bientôt tenter
d’traverser l’pays
en marchant
à fond mes 60 ans
sans même faire de pouce
sans aucun argent
dans une main
ma guitare sur ma faim
juste un vieux chapeau
presque rien dans l’sac à dos
mais dans mon coeur
des Innus le meilleur
COUPLET 2
c’est ton nain d’jardin
qui t’écrit cette nuit
cher Innu
t’es mon meilleur ami
y a deux mois deja
j’suis parti comme ça
marcher tout seul
les routes du Canada
tu t’es inquiété
plein d’courriels t’as envoyé
pour dire au monde
si vous l’voyez
ramassez-le
puis ramenez-moi le
pour que je l’réchauffe
de mes pinceaux
et de mon amitié
Pierrot
vagabond céleste
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Ah Richard… pourquoi viens-tu hanter mes nuits … y a trop de monde à la porte de mes nuits… ami….
Pierrot vagabond