MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, MICHAEL CORMIER 9 ANS

“De toute ma vie de vagabond-chercheur, je n’ai jamais vu un enfant de neuf ans avec un tel charisme. Intelligent, vivant le quotidien comme une pièce de théâtre dont il est l’auteur, le metteur en scène et l’acteur principal, il se promène au côté de son grand-père Yvon Cormier, l’auteur du livre Caraquet le village le plus long du monde, comme si ce grand-père bienveillant et permissif était son chef de cabinet.

Et quand je le salue en lui disant: Comment allez-vous Monsieur le premier ministre, il trouve cela tout à fait naturel, lui qui à trois ans aidait les employé(e)s au Grain de folie en donnant un coup de main à la vaisselle, qui se permet depuis toujours des becs aux femmes, surtout les belles, et qui se sent une vocation de LouisX1V dans une Acadie qui ne cesse de produire des personnages aussi colorés que ceux créés par le génie d’Antonine Maillet.

Car, il faut bien le dire, son roman Pélagie la Charette, représente pour moi le chef d’oeuvre absolu de la deuxième renaissance acadienne, tous les arts confondus, et qui mérite amplement sa résonance internationale.

Mais, tout comme le rapport entre L’Odyssée d’Homère et l’Ulysse de James Joyce, Pélagie la charette reste un pastiche constructiviste extraordinairement talentueux d’Evangéline  produit par l’Acadie de la deuxième Renaissance. Alors qu’Evangeline, telle l’Odyssée d’homère, renaît encore une fois magiquement comme  icône nano-moderniste de l’Acadie triomphante dont l’année de fondation de ce qu’on appellera un jour la troisième renaissance, peut être située en 2005, grâce au passage euphorique d’Annie Blanchard à l’émission Académie star avec la chanson de Michel Conte, Evangeline, immense succès radiophonique populaire jamais démenti depuis.

A la page 8 de l’Acadie nouvelle de ce matin, il y avait un article intitule Place au cirque à Dieppe, avec un passage des plus révélateurs qui me semble ajouter un argument inopiné   à mes intuitions philosophico-politiques. Il se lit comme suit:

Le numéro hommage à la mémoire de Marc Chouinard – ce bâtisseur culturel qui un jour a rêver d’emmener le cirque dans la région de Dieppe, en créant d’abord Circus Stella et ensuite le festival du cirque – a clôturé la soirée en beauté, avec folie en tendresse.

Intitulée EVANGÉLINE, cette pièce très théâtrale et créative imaginée par Circus Stella relate l’épopée acadienne et celle du célèbre personage d’Évangéline. Touchant et festif, sur la musique de Jean-François Mallet, Dominique Dupuis et du groupe B3, le numéro a réuni plusieurs disciplines: les échasses, le tissue aérien, la danse, l’acrobatie et les arts visuels. A la fin, une peinture créée en direct par Mathieu Francoeur sur laquel était inscrit “merci Marc” a été dévoilée.

“Marc Chouinard voulait depuis longtemps faire un numéro de cirque sur cette thématique, mais il est parti trop tôt et il n’a pu réaliser son rêve. Ce soir nous avons voulu terminer son oeuvre” a indiqué l’artiste du tissue aérien, Yves Landry.

——-

Aux Etats-Unis, pour me ressourcer comme artiste de scène,  je suis allé sur un site ou se produisent une vingtaine d’artistes célèbres, chacun  possédant son théâtre. Tous les spectacles sans exception se terminent par un tableau original tournant autour de l’hymne national américain et son drapeau, et en rappel un numéro sur Dieu. C’est hallucinant et fascinant.

Je verrais très bien le même rituel culturel s’installer en Acadie. Que tous les spectacles se terminent par une création originale tournant autour du drapeau acadien et son hymne avec en rappel une performance tournant autour de la chanson D’Evangéline de Michel Conte.

Si Jimmy Hendrix à Woodstock a pu rendre mondialement célèbre l’hymne national américain avec sa guitare électrique, je ne verrais pas pourquoi le cirque du soleil, par exemple,  ne pourrait pas réussir le même exploit avec l’âme acadienne, promise prospectivement à une brillante carrière internationale

Pierrot vagabond

 

L’ACADIE NOUVELLE OU L’IMPUISSANCE ÉDITORIALE À FLAIRER LA DIRECTION DE L’HISTOIRE

Cela fait plus d’un mois maintenant que je lis scrupuleusement l’Acadie nouvelle, et cela tous les jours.

On se croirait dans les derniers soubresaults nationalistes de la deuxième renaissance que je résumerais sous le paradygme suivant: Nous sommes une nation minoritaire aux droits menacés et à la langue française plus que jamais sur la défensive car les années qui s’en viennent s’annoncent sombres à s’en épuiser de se battre pour nos droits, jusqu’à se caricaturer nous-mêmes par des voyages en autobus scolaire d’enfants otages d’enjeux nationalistes passés date.

Alors que la modernité structurale s’est éteinte depuis longtemps sous la puissance mondialisée des individualités plurielles post-modernes, un nouveau paradygme ou l’Acadie sera reine change les donnes.

Grâce à la diaspora numérique, l’Acadie se retrouve la capitale majoritaire des nations sans état (2500 à travers le monde) écrasant potentiellement par sa république de l’imagination les 185 états pris pour gérer la décroissance des biens et services face aux multinationales de toutes sortes.

Le nouveau paradygme de nation sans état avec une romance (Evangéline) inspirante permettra aux acadiens, de passer d’un bilinguisme soustractif à un bilinguisme additif, d’une économie matérielle à une économie virtuelle touchant une clientèle internationale, ceux qu’on appelle en philosophie politique, les nouveaux aventuriers de la société horizontale.

Prenons un exemple… Il existe une croisière Gauguin ou tous les amoureux de Gauguin à travers le monde se retrouvent pour vivre avec l’aide d’historiens et d’activités culturelles de haut calibre l’aventure de Gauguin à Tahiti.

Au 21eme siècle, Une langue donnera le goût d’être apprise non pas en véhiculant un récit de minorité menacée dans son ethnicité par une ethnicité indifférente et majoritaire, mais par la puissance romantique de son récit devenant, tel Ulysse et Pénélope d’Homère en Grèce, Roméo et Juliette en Angleterre, Don Quichotte en Espagne, un rendez-vous incontournable des amoureux de la langue française à travers la planète.

Le Québec a déjà perdu son combat culturel par sa soif aveugle de plomberie du pouvoir que même le refus global de Borduas invitait à fuir en 1948.

L’Acadie gagnera le sien parce qu’une langue a besoin d’une légende inspirante, pôle magnétique indispensable pour conquérir les coeurs des francophiles de tout le globe terrestre. Evangéline lance le message nanomoderniste suivant: Croyez-en vos rêves comme Evangéline a cru en Gabriel.

L’Acadie nouvelle, à mon humble avis, se doit de réussir ce que les institutions religieuses on fait pour la iere renaissance: créer de toutes pièces un contexte structurel pour ses élites de demain, surtout ses politiciens qui devront d’abord être d’envergure internationale avant d’être à la remorque d’une population qui ‘arrive pas à faire le deuil d’une jeunesse écartelée entre la faim de survivre (l’emploi) et la fin de l’exil (valeur symbolique ajoutée d’un sens à l’existence).

Oui, ce journal, l’Acadie nouvelle, un fleuron parmi les journaux régionaux à travers le Canada, se doit d’avoir une page de philosophie politique ou les nouveaux enjeux sortiront le quotidien de la chèvre et du chou que l’on protège tactiquement mais qui finit par nous donner les politiciens qu’on mérite.

Pierrot vagabond

————–

VÉRONIQUE RICHARD, UNE PASSIONNÉE RÊVEUSE AUX YEUX DÉVOREURS D’AVENIR

Ça fait tellement d’années maintenant que j’ensemence des jeunes rêveurs et des jeunes rêveuses des quatres questions fondatrices d’une marche heureuse vers son rêve))))

Ils ou elles ont tous ou toutes les mêmes yeux… dévoreurs d’avenir qui n’attendaient que d’être rassurés ou rassurées par un vieux rêveur.

Véronique Richard, en quête d’un poste de professeur d’histoire au secondaire, serveuse dans un restaurant local en attendant, 26 ou 27 ans, se sent fébrilement en stand by et se demande bien comment elle va réussir à provoquer un destin favorable à son épanouissement professionnel.

Ça m’a rappelé ces deux années ou comme artiste chansonnier du Québec fondateur des pierrots, j’ai représenté l’ambassade du Canada en Côte d’Ivoire, plus précisément à Abidjan pour la semaine canadienne.

L’ambassadeur et moi roulions vers la brousse de Yamassoucro ou nous devions (en compagnie des ambassadeurs de France, des Etats-Unis de Belgique et de l’Australie si ma mémoire est bonne) , inaugurer un dispensaire médical pour un ensemble de tribus.

J’étais assis en avant avec son chauffeur (l’ambassadeur, par le protocole est tenus de s’asseoir en arrière) et celui-ci me dit… Connais-tu l’histoire de mon chauffeur… Ça vaut la peine que je te la raconte parce que lui n’osera jamais se dévoiler à toi.

Ce jeune homme a passé toute sa vie à parler de son rêve… conduire un jour la limousine d’un ambassadeur d’un autre pays. Lui qui n’avait qu’un crayon et même pas de chaussures pour marcher ses kilomètres en vue de s’instruire, se fit donc engager comme garçon à tout faire chez une madame très riche.

Un jour, je participe à titre d’ambassadeur à une de ses soirées et elle me glisse à l’oreille… Lui y arrête pas de fatiguer les oreilles de tout le monde avec son rêve… conduire un jour la limousine d’un ambassadeur d’un autre pays.

Quelques années plus tard, je perdis mon chauffeur et je me rappelai du jeune rêveur… Je fis tout pour le retrouver me dit l’ambassadeur… Sans dire qui j’étais, je lui demandai son rêve…. Ses yeux s’illuminèrent. les années avaient passé mais son rêve n’avait pas vieilli… C’est ainsi qu’il est devenu mon chauffeur:))))

Et moi d’ajouter à Véronique Richard…. Si tu parles de ton rêve (surtout qu’elle travaille dans un restaurant ou la clientèle vient de partout) c’est impossible qu’il ne t’arrive pas ce qui est arrivé au jeune africain en Côte d’Ivoire. La masse critique d’un pays oeuvre d’art sera toujours une vie personnelle oeuvre d’art qui passe le secret aux autres.

Pierrot vagabond

LA ROMANCE, LA VICTOIRE DU PETIT PEUPLE SUR LES ILLUSIONS DE SON ÉLITE

Quand on réfléchit sur le thème de  la légende de toute nation sans état par l’angle de sa romance qui fait frémir le petit peuple, et cela il me semble d’une tendance universelle, on ne peut qu’être étonné de la dialectique nano-dynamique bêtement utilitariste créant un malaise entre l’élite et son petit peuple ici même à Caraquet.

Prenons par exemple, la romance d’Evangéline.

Bien sûr, Longfellow en créant ce poème pour consolider le cosmopolitiste américain bien enrobé dans son fondement protestantiste (Evangéline termine quand même sa vie à Philadelphie) ne pourra jamais s’imaginer qu’une traduction biaisée de Pamphile Lemay (1870) puisse provoquer le passage de l’errance fantomatique à l’errance axiologique d’une collectivité dispersée en mode de renaissance culturelle élitiste.

Mais pourquoi donc la romance d’Evangeline, malgré le malaise moderniste des héros romantiques 1969 Moncton qui aimeraient bien s’en débarrasser, malgré les détournements constructivistes maladroits de la déportation (Antonine Maillet, Claude Le Bouthiller et les autres), gagne-t-elle dans l’imagination du petit peuple une position archétype indéracinable?

A cause d’Annie Blanchard qui à star académie 2005, réussit l’impossible, faire de la chanson de Michel Conte un hymne post-moderniste à un cri universel, une nouvelle sédimentation herméneutique. Cette Annie blanchard devient elle-même l’incarnation puissante d’Evangeline, tout comme Emma Haché en littérature théâtrale. Le petit peuple, dans la méfiance instinctive de son élite, sait reconnaître l’universel d’une légende, c’est-à-dire, l’émotion de sa romance.

Dans une perspective nano-moderniste (l’épanouissement du post-moderniste) quand je regarde chanter Annie Blanchard sur You Tube, sa performance de 2005 est devenu un hymne de la république de l’imagination des nations sans états que constitue l’Acadie, mais surtout Caraquet, qui profitant de sa position unique du village le plus long du monde (reconnu historiquement par un dictionnaire), s’est même auto-proclamée capitale de l’Acadie, qui n’existe même pas légalement.

Que nous dit Annie Blanchard, l’Evangéline de la post-modernité acadienne? Qu’il est important d’être en amour avec son rêve avec la même puissance qu’Evangéline a rêvé son amour pour Gabriel.

Le village acadien de la nano-modernité sera peut-être un jour une histoire que l’on marche, mais ou on a hâte d’arriver à la maison la plus vieille du Nouveau-Brunswick ou nous attendent Annie Blanchard et Wilfred Lebouthiller, les Evangéline et Gabriel triomphants, qui nous chantent Evangéline avant de venir nous serrer la main et nous souhaiter bonne chance dans notre vie personnelle oeuvre d’art, le village acadien étant devenu le pays oeuvre d’art des rêveurs et rêveuses de demain.

La fava sera de la nano-modernité sera peut-être une histoire ou, comme pour  le douanier Rousseau en 1890 ou le compositeur minimaliste Eric Satie, on osera célébrer l’artiste naif Patrice Léger et son village de Noel, tout en démontrant par un récit nano-moderniste de l’histoire de l’art que la beauté, étant passée de l’oeuvre à la signature et de la signature à la poïétique reconnaît l’Evangéline des artisans de l’art naif, comme un des moteurs de la capitale de la république de l’imagination que constitue pour sa diaspora, Caraquet.

Durant le festival acadien, tous les jours à midi, on pourrait entendre les cloches des églises, suivi de la chanson d’Evangéline par Annie Blanchard.

On pourrait avoir dans un kiosque au centre des livres des auteurs acadiens, des traductions de la chanson dans toutes les langues, avec comme chanteur ou chanteuse des ambassadeurs et ambassadrices de tous les pays. Car ce qui rend international, c’est l’émotion unique et virale  d’une collectivité nano-numérique (la tour effel pour Paris ou la statue de la liberté pour New York)

Evangéline reste le coeur brûlant d’une nation sans état des plus exceptionnelles, qui possède par son histoire poétique majoritaire ce que l’écrivain et essayiste Edouard Glissant a tenté toute sa vie de modéliser pour sa propre nation, soit une rhysomatisation émouvante dans le tout monde de demain et sa créoalisation nano-moderniste du 21eme siècle dont la globalité de la mondialisation a tant soif.

L’Acadie est au Québec ce que le peintre Poussin est au peintre Caravage, une nation fière de son intemporalité créatrice versus une nation qui se meurt d’inimagination à force d’utilitarisme en quête d’état parmi les états..

La légende d’Evangéline est pour l’Acadie toute entière le pôle magnétique le plus puissant de l’histoire française du Nouveau-Brunswick. Sa force dépasse même le texte du refus global de Borduas au Québec, parce qu’il appartient pour toujours au petit peuple, servant de boussole imaginative aux créateurs et créatrices élitistes de demain, et cela dans tous les arts confondus.

Pierrot vagabond

LE VILLAGE ACADIEN, FUTUR ROMANTISME POÉTIQUE D’UNE DIAPORA EN QUÊTE D’UN RÉCIT FONDATEUR NANO-MODERNISTE

Lors de mon vagabondage sur la Côte-nord, entre Tadoussac et Natashquan, j’ai assisté à trois assemblées récréo-touristiques animées par les mêmes acteurs… Celle de Natashquan, celle de Havre-St-Pierre et celle de Sept-iles.

Ce qui m’a frappé, c’est à quel point il est difficile pour les instances régionales de décision touristique de recentrer le récit en fonction du tourisme international.

Et moi de leur dire que la Côte nord représentait la dernière région mythologique du Québec, reliée au tourisme d’aventure spirituelle qui se cherche une suite à Compostelle.

Ce tourisme Compostellien pourrait partir de Tadoussac et le long de la Côte nord, et avoir accès à une infra-structure de conteurs autochtones et québécois, autour d’un petit campement indien et d’un feu d’une plage à l’autre ou il pourrait progresser dans la spiritualité autochtone jusqu’à un grand rassemblement de l’Inoucadie à Natashquan. L’europe rêve des autochtones et nous les méprisons… quelle incompétence inter-ethnique:))))

Pourquoi est-ce que je raconte cette anecdote? Parce que le village acadien me semble prisonnier de la même impasse. Issu d’un projet de la modernité d’institutionnaliser la tradition pour la mémoire acadienne, il s’est trouvé soudainement graduellement empoussiéré par la post-modernité avec une gestion tâtonneuse de la décroissance.

Dans la nano-modernité, issue de l’épanouissement de la post-modernité, le réseautage mondialisé et numérique donne une valeur ajoutée à toute diapora d’état sans nation (il y en a 2500 à travers le monde, contre 185 pays je crois) qui met en valeur la rencontre entre les descendants plutôt que sur la mémoire du passé.

Le village acadien que j’ai visité m’apparaît générationnellement dans un purgatoire temporaire, le temps de recibler le marketing sur les animaux (un zoo pour les enfants), une célébration des familles fondatrices par la remise de vignettes à leur nom, une mise en valeur de la plus vieille maison du Nouveau-Brunswick perdue dans le décor, et une recontextualisation du discours plus issu sur les enjeux entre les purs et les impurs, dans une créoalisation du tout-monde (voir l’oeuvre d’Edouard Glissant) ou la déconstruction de la langue (locale, historique et normative), de la religion ( le rapport entre la croyance vue d’en bas, Ste-Anne et vue d’en haut par l’élite (Marie) et de la race (les acadiens pure laine et les métis) éduquant à un Canada du 21eme siècle ou chaque morceaux de la mosaique aura besoin de la la plus value de sa majorité poétique au récit mobilisateur.

Caraquet m’apparaît déjà un exemple du Canada de demain ou toute minorité pourra se concevoir majoritaire par sa romance identaire aux dimensions romantiques internationales plutôt que de se sentir écrasée par son infériorité géographique.

Dans la nano-modernité mondialisée, le village acadien doit réfléchir sur son marketing numériquement ciblé sur la diaspora, tout comme le festival acadien à mon humble avis.

Toute activité ciblée sur la rencontre nano-généalogique pourra attirer le tourisme d’aventure qui n’attend qu’un positionnement plus conscient de la croissance mondiale d’une clientèle à conquérir.

Ca me rappelle d’une cabane à sucre située à Vaudreuil entre Montreal et Ottawa, le propriétaire avait vendu l’idée aux compagnies internationales d’aviation de faire en sorte que le tourisme arrête chez lui pour diner avant de se rendre de Montréal à Ottawa… ou l’inverse…. Tout était pensé pour qju’en deux heures, le tourisme goûte et à la nourriture et à la tradition de comment on fait le sucre et la musique traditionnelle….. Et ce fut pour cet homme un succès étonnant…

Le village acadien est promis à un brillant avenir… Dès qu’il se détachera d’une vision muséale passéiste pour se recentrer autour d’une psycho-pédagogie socio-culturelle de calibre international.

Pierrot vagabond

L’ACADIE DE CARAQUET, L’ARCADIE DU CANADA MOSAÏQUE DU 21EME SIÈCLE

Le vagabond-chercheur dort sous la galerie d’un musée, se ramasse au Tim Horton pour son premier petit déjeuner au coeur des rires de ceux et celles qui ont vécu la même enfance et n’en finissent plus “d’enjoy la vie” comme on dit ici par une sociabilité toute villageoise.

Puis un deuxième café au Burger King ou dans un coin se réunissent une douzaine d’historiens, politiciens, millionnaires de la pêche qui se tirent la pipe comme seules les élites rurales peuvent le faire.

Puis il passe ses journées dans une petite bibliothèque remarquable parce que centrée sur le droit de parler de parents dont les jeunes enfants viennent se réunir autour de clubs de lecture, consacrant ses journées à parcourir la littérature savante d’ici (poésie, roman, écrits sociologiques sur les minorités, etc…)

Puis, un café au grain de folies, après avoir bouquiné la petite librairie francophone… Le vagabond répète à tous ceux et celles qui se questionnent sur l’événementiel de sa présence qu’il part demain… et ce sera probablement la même réponse demain:))))

Puis diner ou souper au restaurant du IGA… Puis
le quai de Caraquet pour assister en gagne émerveillée au coucher de soleil… encore plus vrai qu’un tableau de Poussin, parce que la parole même se fait arcadienne.

Ce village le plus long au monde, le long d’une longue route ou il est impossible de marcher sans se faire dire constamment bonjour par presque toute la population passante…

Caraquet, c’est vraiment l’Arcadie du Canada mosaïque, non pas celle des grecs, mais celle du peintre Poussin, contemporain des fondateurs de L’Acadie de la première errance fantômatique, peignant à la main l’oeuvre d’Ovide réinterprétée dans un classicisme ou se construit la noblesse de l’homme.

Pour moi, Serge Maltais, responsable de la piscine de Caraquet, représente l’arcadien acadien par exellence. Equilibré, d’une courtoisie remarquablement au service des autres, ancrant ses valeurs professionnelles sur ses valeurs familiales, il porte par sa convivialité la joie romantique de l’Acadie de demain, perpétuateur de la digne vision de Gérard St-Cyr dont la piscine porte le nom.

———–
Auteur : Annie Levasseur

La piscine de l’École des Pêches de Caraquet porte, depuis hier, le nom de Piscine Gérard Saint-Cyr. Le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick a voulu rendre hommage à cet homme qui fût directeur de l’établissement durant 20 ans.

« La piscine, c’est la première chose [à avoir été réalisée] pour la survie des pêcheurs », se remémore monsieur Saint-Cyr

C’est avec beaucoup d’émotion que l’homme de 94 ans a appris que la piscine de l’École des Pêches de Caraquet porterait dorénavant son nom. Entre 1964 et 1984, il a été directeur de l’établissement et était habité par le désir de rendre la pêche plus sécuritaire.

« Je lisais souvent dans les journaux que certains pêcheurs étaient passés par-dessus bord du bateau, se désole-t-il. Je trouvais ça terrible. Les capitaines n’avaient même pas un câble et une ceinture de sécurité à bord de leur bateau. »

« À l’époque, il s’est rendu compte que les pêcheurs apprenaient à naviguer et à préparer les engins de pêche, mais on n’avait rien pour la sécurité maritime, raconte Michel Doucet, actuel directeur du campus du Collège communautaire qui comprend l’École des Pêches depuis 2000. Monsieur Saint-Cyr a vu loin. On l’a identifié comme un visionnaire et un bâtisseur. »

Dès son arrivée à la direction de l’École des Pêches, Gérard Saint-Cyr a travaillé fort pour doter l’établissement d’une piscine afin d’enseigner les mesures d’urgence en mer.

« Quand on tombe dans une piscine, c’est moins épeurant que de tomber dans la mer, explique-t-il. La mer n’a pas de limites. C’est profond, c’est grand. Une piscine, c’est limité. »

Selon le directeur actuel, monsieur Saint-Cyr a grandement contribué au développement de l’établissement. En plus d’avoir une vocation communautaire, la piscine permet aux élèves de s’adapter aux nouvelles technologies.

« La piscine a également mené à la création du Centre d’urgences sur mer qui est aussi sous la gouverne du Collège communautaire, se réjouit Michel Doucet. Ses contributions sont remarquables et ses contributions à la formation maritime sont inégalées jusqu’à maintenant. »

C’est tout à l’honneur de l’homme qui est à l’origine de la piscine, Gérard Saint-Cyr.

IL SUFFIT D’UN RÉCIT POUR CHANGER UN PAYS

Il manque au canada mosaïque du 21ème siècle, une romance de la beauté de celle d’Evangéline. Une romance fondatrice du pays oeuvre d’art marquant l’imaginaire canadien par l’épanouissement de la post-modernité à travers la nano-odyssée d’un vagabond céleste représente comme projet une tentative philosophico-politique à long terme pour y arriver.

Un des grands mérites du brillantissime sociologue acadien Joseph-Yvon Thériault est d’avoir démontré trois fois plutôt qu’une ( Evangéline de Longfellow, fondatrice du melting pot américain, de l’ennoblissement permettant le droit au rêve américain des cadiens de la Louisiane, et de l’errance  d’une ethnicité  qui a du traverser l’errance fantomatique, puis l’errance axiologique inspirée par la traduction de Pamphile Lemay) pour atteindre enfin l’errance poétique (la diaspora du dernier congrès mondial acadien) qu’il suffit d’un récit en dialectique avec la culture orale, pour changer un pays. Mandela ne l’a-t-il pas démontré en fondant la nouvelle constitution de l’Afrique du sud sur deux mots: LA NATION ARC-EN-CIEL?

Dessiner un récit de fondation permet le basculement de l’institutionnalisme à l’homme vrai. Le canada mosaïque réussira l’écologie transculturelle de sa globalité culturelle en autant qu’une légende virale, rhizomique puisse la transpercer pour la propager vers l’avenir d’un mieux vivre ensemble, et cela d’un océan à l’autre.

Qu’un vieux monsieur, ayant donné tous ses biens, parcourt les 10 provinces du Canada à la recherche des grands rêveurs tout en ensemançant ses citoyens de quatre questions…
quel est ton rêve? Dans combien de jours? qu’as-tu fais aujourd’hui pour ton rêve? En quoi ton rêve prend-il soin de la beauté du monde? Voilà le fondement de la légende du vagabond céleste que le conteur international Simon Gauthier raconte depuis quelques années à travers la francophonie, et qu’une petite équipe de rêveurs équitables (Michel Woodart et Marlene Auld) documente et archive depuis plusieurs années. Un pays oeuvre d’art (le rêve de Frank Scott, francophile anglophone de montréal) deviendra possible par une masse critique de citoyens oeuvre d’art (voir le roman philosophique MONSIEUR 2.7 K, disponible gratuitement sur Internet.), tel est le pari, tel est l’enjeu. Et le pays oeuvre d’art naîtra d’abord au coeur d’une nation sans état, minoritaire géographiquement, majoritaire poétiquement). Comme il y a près de 2500 nations sans état à travers le monde, et 185 pays, la nation sans état acadienne me semble la plus lumineuse pour que le pays oeuvre d’art puisse y surgir, dans une première fondation éclatante.

Grâce aux travaux de ce phare exceptionnel de l’Acadie intellectuelle qu’est le sociologue Joseph Yvon Thériault, le projet de philosophie politique d’un vagabond-chercheur peut maintenant prendre sa dimension pan-canadienne comme pan-culturelle dans sa pluralité. Si le récit d’Evangéline a réussit trois fois l’impossible historiquement, il n’y a aucune raison pour que le vagabond céleste n’y arrive pas:))))), surtout s’il s’appuie passionnément sur l’imaginaire acadien issu du récit d’Evangeline.

Pierrot vagabond

————-

QUI EST JOSEPH YVON THÉRIAULT?

Joseph-Yvon Thériault,
sociologue, Département de sociologie, UQAM
Chaire de recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie.

Études
B.A. Université de Moncton (Bathurst), 1971
M.A. (science politique), Université d’Ottawa, 1973
Doctorat (sociologie du développement), École des hautes études en sciences sociales (EHESS) Paris (1981)

Carrière

Il a été professeur de sociologie à l’Université d’Ottawa (1978 à 2008), directeur du département de sociologie (1987 à 1990), doyen associé à la recherche (1992 à 1998) et doyen intérimaire (1996-1997). Il a été le directeur fondateur du Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités, (CIRCEM) de 2000 à 2007 et titulaire de la Chaire de recherche identité et francophonie (2004-2008).

Depuis 2008 il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en mondialisation citoyenneté et démocratie (Chaire MCD) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et professeur de sociologie 2 à la même université.

Œuvre

Son travail sociologique porte sur la tension dans les sociétés démocratiques entre les tendances à l’individualisation et à la pluralisation, et la permanence des identités et des mémoires collectives (citoyenneté et identité). Il est reconnu pour ses travaux sur l’Acadie, le Québec et les communautés minoritaires francophones du Canada (l’aire culturelle du Canada français). Cette démarche s’est ouverte aux enjeux propres aux petites sociétés et au phénomène nationalitaire en général.

Distinctions[modifier le code]
1996 – Prix France-Acadie pour L’identité à l’épreuve de la modernité
2002 – Prix Richard-Arès pour Critique de l’américanité
2003 – Prix de la présidence de l’Assemblée nationale du Québec (Livre politique de l’année pour Critique de l’américanité)3
2004 – Élu membre de la Société royale du Canada
2007 – Lauréat de la Fondation Trudeau (2007-2010)4
2009 – Professeur émérite, Université d’Ottawa5.
2013 – Prix du CRCCF, 20136.
2013 – Finaliste Prix du Gouverneur général pour Évangéline : contes d’Amérique 7
2014 – Prix Jean-Éthier-Blais pour Évangéline : contes d’Amérique

Bibliographie (principaux ouvrages)[modifier le code]

Livres[modifier le code]
Évangéline : Contes d’Amérique. Québec Amérique , 400 pages. (ISBN 978-2-7644-2135-2)
Faire société. Société civile et espace francophone, Sudbury, Prise de parole,‎ 2007, 384 p. (ISBN 978-2-89423-204-0).
Critique de l’américanité : Mémoire et démocratie au Québec, Montréal, Québec Amérique,‎ 2005 (1re éd. 2002), compact, 386 p. (ISBN 2-7644-0450-6).
L’identité à l’épreuve de la modernité, Écrits politiques sur l’Acadie et les francophonies minoritaires,, Moncton, Éditions d’Acadie,‎ 1995, 323 p. (ISBN 2-7600-0292-6).
La société civile : ou la chimère insaisissable, Montréal, Québec Amérique,‎ 1985, 160 p. (ISBN 2-89037-265-0). Cet ouvrage est disponible en version électronique pour consultation gratuite sur le site Les Classiques des sciences sociales (Cet ouvrage n’est pas libre de droit et toute reproduction, modification ou diffusion est soumise au droit de son auteur).

Direction d’ouvrages (revues)[modifier le code]
F. G. Dufour et J. Y. Thériault (dir.), « Sociologie du cosmopolitisme, numéro spécial, », Sociologie et sociétés, PUM, vol. 44, no 1,‎ 2012
Joseph Yvon Thériault, Anne Gilbert et Linda Cardinal (dir.), L’espace francophone en milieu minoritaire au Canada : Nouveaux enjeux, nouvelles mobilisations, Montréal, Fides,‎ 2008, 564 p. (ISBN 978-2-7621-2860-4).
E-Martin Meunier et Joseph Yvon Thériault (dir.), Les impasses de la mémoire : Espace, filiation, nation et religion, Montréal, Fides,‎ 2007, 390 p. (ISBN 978-2-7621-2759-1)
Jacques-L. Boucher et Joseph Yvon Thériault (dir.), Petites sociétés et minorités nationales : enjeux et perspectives comparées, Québec, PUQ,‎ 2005, 420 p. (ISBN 2-7605-1359-9)
Joseph Yvon Thériault (dir.), Les francophonies minoritaires du Canada : l’état des lieux, Moncton, Éditions d’Acadie,‎ 1999, 576 p.

MICHEL VITAL-BLANCHARD, HÉROS ROMANTIQUE DE LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE DE 1969 À L’UNIVERSITÉ DE MONCTON

J’ai passé une soirée avec un personnage acadien plus grand que nature, au charme fou, poète, animateur de radio, artiste, rêveur, véritable légende sur deux pattes de la génération peace and love. Quand il s’est installé au piano pour nous chanter ses chansons, on aurait dit le magnétisme d’un homme qui a passé sa vie à passer à côté de sa vie et qui en est sorti grandi à la hauteur d’un mythe acadien.

Vraiment, plus je découvre les humains de Caraquet et leur imaginaire, plus ils représentent pour moi une validation poétique de ma démarche poiétique reliée au vagabond céleste en quête d’un pays oeuvre d’art par une masse critique de vies personnelles oeuvre d’art dont Michel Vital Blanchard représente pour moi une magnifique sculpture sur deux pattes au rêve fou mais nécessaire.

——

Jeudi 28 Mai 2009

La cour lève l’injonction interdisant à Michel-Vital Blanchard l’accès au campus de l’U de M
Le recteur de l’Université de Moncton, Yvon Fontaine, a laissé savoir qu’une entente cordiale a mené à la levée de l’injonction de la cour qui, depuis une quarantaine d’années, interdisait à Michel-Vital Blanchard d’avoir accès au Campus de Moncton.

« Je suis ravi que M. Blanchard ait accepté l’invitation de l’Université de présenter une demande conjointe à la cour pour faire lever cette injonction qui pesait contre lui, a dit M. Fontaine. Nous nous réjouissons que la cour ait signé cette ordonnance qui a été accordée avec le consentement des deux parties. Il s’agit d’une levée définitive et permanente de l’injonction. »

L’ordonnance par consentement a été signée par un juge de la Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick le 21 mai dernier, mettant ainsi fin à l’injonction à l’encontre de Michel Blanchard imposée le 27 mai 1970.

« Je suis heureux que ce chapitre se termine enfin par une entente cordiale et une ordonnance de la cour émise avec l’accord des deux parties, a fait savoir M. Blanchard. L’eau a coulé sous les ponts depuis cette époque; le temps est venu de passer l’éponge, de tourner la page et de passer à autre chose. »

Le recteur a indiqué que, du côté de l’Université, il y avait une volonté réelle depuis plusieurs années de voir cette question résolue une fois pour toutes. « Toutes les parties concernées sont satisfaites du résultat de ces plus récentes démarches qui ont abouti à la levée de l’injonction », a conclu M. Fontaine.

MM. Fontaine et Blanchard ont tenu à remercier Jean-Marie Nadeau, président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, pour avoir facilité le processus qui a mené à l’ordonnance par consentement de la cour.

—–
Le cinéaste Michel Brault

Michel Vital Blanchard, qui était au coeur du film L’Acadie, L’Acadie, est persuadé que l’empreinte du cinéaste québécois Michel Brault a été capitale dans la réussite de ce documentaire.

Michel Brault est décédé samedi. Il était âgé de 85 ans.

M. Brault avait filmé pendant deux ans la révolte des étudiants à Moncton et coréalisé L’Acadie,
L’Acadie, avec Pierre Perreault.

Ce documentaire en noir et blanc de l’Office national du Film, lancé en 1971, est devenu un film culte pour plus d’une génération.

Michel Vital Blanchard, qui était le chef de file de la contestation des étudiants à Moncton à la fin des années 60, se souvient bien de Michel Brault.

« À l’époque, Brault était plus proche de nous autres. Il faisait plus jeune. Il était plus souriant, même riant. C’est un gars qui était tout le temps pour nous autres. Je m’en souviens. Tout le temps de bonne humeur et un grand sourire, tandis que Perreault était plus sérieux, un homme d’une autre génération, plus posé. Ce qui fait que le lien d’amitié ou le lien qui fait peut-être cette espèce d’honnêteté dans le film, c’est-à-dire qu’on se sent à l’aise devant la caméra, c’est beaucoup Brault qui a apporté ça », explique Michel Vital Blanchard, de Caraquet.

LA JEUNE RÊVEUSE QUI AVAIT DE L’OR DANS LES YEUX

Une des grandes joies d’un vieux nomade, c’est le décès de ses pulsions provoqué par l’agonie des passions d’intérêt personnel. Un beau matin, tu te lèves, tes pieds ont fait le tour de ta personne et te voilà sculpté en grand-père de la beauté du monde honoré par le miraculeux village de Caraquet offrant le mystèere de l’océan entre toi et ta jeunesse.

Je marchais, avec mon bâton PRENDS-TON TEMPS, après un après-midi à la bibliothèque… Un camion arrête… une jeune femme aux yeux magnifiques me dit: “Monsieur vous êtes un vrai nomade, n’est-ce pas? Parce que moi aussi d’habitude je voyage sur le pouce seule avec mon chien, à travers le Canada. Je suis même partie l’hiver pour Terre-Neuve, puis l’été pour le Yukon et l’Alaska”

– Quel âge avez-vous mademoiselle?
– 23 ans, qu’elle me dit…

Me permettez vous de vous poser les quatre questions qui m’ont fait faire le tour des grands rêveurs er grandes rêveuses du pays?

– Je peux-tu les noter dans mon journal qu’elle me dit?

Je me présente … Pierrot vagabond, grand-père de la beauté du monde. Quel est ton rêve? Dans combien de jours? qu’as-tu fait aujourd’hui pour ton rêve? En quoi ton rêve prend-il soin de la beauté du monde?

A la quatrième question, ses yeux se sont mis à briller.

Vous savez, qu’elle me souffle comme un vent d’une fraîcheur inouie, j’ai convaincu mon patron qui dirige un commerce de fabrication de produits raffinés à partir du sirop d’érable, de me laisser nomader sur les routes du pays pour faire déguster nos produits et ainsi ouvrir un marché par de nouvelles commandes. Je me suis créé un emploi, suis payée au kilométrage, je suis payée pour vagabonder avec mon chien..

Mademoiselle, que je lui dis, vous n’êtes pas entrain de vous créer un emploi, vous êtes en train de dessiner un pays oeuvre d’art par votre vie personnelle oeuvre d’art. A 23 ans, vous êtes déjà une géante de la liberté.

La liberté chez moi, propos qu’elle accentue par une pose fière, est un besoin.

Mademoiselle, croyez un vieux rêveur nomade, la liberté est un devoir dont on a le privilège d’être l’architecte. Dans ce pays, la liberté fut d’abord considérée comme une rareté possédée par les coureurs des bois qui l’apprirent des autochtones…

Monsieur Pierrot, qu’elle me dit, Mon chum voyageait dans son char avec son chien.. La chicane a pogné, il est parti à Souris. On a convenu de se rejoindre aux Iles de la madeleine, le temps que je complète ma run. J’aime tellement ma liberté que ça m’a comme soulagée, mais lui y vient de virer de bord parce qu’y peut pas vivre sans moi. Je ne me sens pas respectée là-dedans.

Quand j’ai vu l’or dans ses yeux embrumé de pluie, son rêve mis en péril par l’intensité et la confusion d’émotions contradictoires, je lui ai dis: Viens on va marcher le long de l’océan et tu vas pouvoir reprendre le dessus…

On a pris une longue marche sur la grève sauvage… elle a parlé parlé parlé mais jamais ses mots n’ont fait déshonneur à son rêve… Je lui ai dis… quand on est nomade, le dialogue avec un sédentaire est toujours un apprentissage, les deux souffrent de ne pas habiter le même univers… c’est comme l’agriculteur et le pêcheur ici-même à Caraquet:))))

Son chum téléphone… il est presque rendu à Caraquet, il a roulé toute la journée… Je la laisse à son camion, elle est prête à partir mais ses yeux me supplient de ne pas la laisser seule tout de suite… mais avec cette élégance fière que si je n’avais pas été grand-père de la beauté du monde, je n’aurais pas intuitionner la qualité intrinsèque de sa détresse.

– Viens, le vagabond te paye une pizza. Devant moi au restaurant, elle dit à son chum (au téléphone) qu’elle est avec un vieux nomade Pierrot, et qu’ils se rejoindront après.

Je lui dis… tu sais au 21eme siècle, le couple existe de moins en moins mais de nouvelles notions comme celle de PARTENAIRES DE RÊVE naissent par l’individualisme nano-moderniste… Il serait peut-être sain de vérifier si vos rêves réciproques sont compatibles.

Son chum téléphone, il est rendu à Caraquet… elle lui dit ok, on va se parler tout de suite… Et le vieux monsieur en moi qui se dit… une simple chicane d’amoureux qui annonce une négociation et un nouveau départ…

Le lendemain matin, je rentre par hasard dans un restaurant, avec Jules Bossé, le fabuleux rêveur en bicycle… celui avec qui j’échange des trucs de nomade depuis 3 jours… Les deux jeunes amoureux sont là, la nomade et son sédentaire… la jeunesse… l’avenir de la beauté du monde…

Pierrot vagabond

EMMA HACHÉ, L’ÉVANGELINE NANO-MODERNISTE DE L’ODYSSÉE ACADIENNE

Autant le conte Evangéline de Longfellow, post-moderniste avant l’heure par son transcendalisme visant une religion civique planétaire et son cosmopolitisme, avait réussi l’incroyable triplet fondateur (le melting pot américain au creux de l’anglo-protestantisme, l’ennoblissement cadien de la Louisiane donnant droit au rêve américain, et la renaissance acadienne romantisant le grand dérangement… (Joseph Yvon Thériault, les légendes d’Evangéline)…
autant l’écriture théâtrale d’Emma Haché poursuit l’oeuvre constructiviste de Viola Léger par des personnages de résistance rebelle, sauvage et archétype…

Mais dans une perspective nano-moderniste… Le post-modernisme ayant mis fin aux grands discours idéologiques au moyen de micro-discours ou l’individualité puise dans le centre d’achat de l’humanité plurielle pour recentrer les fondements existentiels (Joseph Yvon Thériault), Emma Haché nous invite à la suivre dans son cri acadien vers l’universel d’une pièce de théâtre à l’autre.

Son écriture est unique… comme ancrée dans son groupe ethnique ( les acadiens ayant été victimes du premier nettoyage ethnique, de la première tentative par un état moderne de radier systématiquement une population de son territoire pour cause d’incompatibilité ethno religieuse (Joseph Yvon Thériault)….

L’écriture du théâtre d’Emma Haché traverse les frontières imaginaires des différentes Evangélines pour réinventer le cri de Munch, autant dans la chair essentiellisée d’une prostituée dans TRAFIQUÉE…. que dans les blessures incompatibles au sein d’un pays en ruine, d’un soldat alllemand et de sa campagne enceinte dans L’INTIMITÉ.

Le cri d’un scandale d’Emma Haché n’a pas de frontières, ni de langue ni de race ni de religion, mais ne peut renier son origine, le nettoyage ethnique acadien.

Oui, Emma Haché représente pour le bouleversement que j’ai eu à la lire, l’évangeline nano-moderniste issue de Viola Léger affranchie de tous les stéréotypes historiques tournant autour de Longfellow comme de la Sagouine, pour mieux  sculpter l’appel aux droits abstraits de la justice équitable partout sur la planète par l’authenticité corrosive et incontournable de sa dénonciation théâtrale.

Pierrot vagabond

——

Emma Haché