LE CAFÉ ST-VINCENT DU VIEUX-MONTRÉAL DE 1971 VIBRAIT À LA POÉSIE DE PAUL GOUIN QUI VIVAIT AU-DESSUS ET QUI DESCENDAIT EN ROBE DE CHAMBRE PAR LE PETIT ASCENSEUR DONNANT SUR LA DROITE DE LA PETITE SCÈNE POUR DIRE… «LES P’TITS GARS… JE NE VEUX PAS VOUS ENTENDRE CHANTER… JE VEUX ENTENDRE CHANTER NOTRE PEUPLE»… ET C’EST AINSI QUE NOS FOLKLORES DESCENDIRENT LES RIVIÈRES DE FAMILLES ASSEMBLÉES DANS DES DÉBUTS DE CE QUI DEVAIT DEVENIR ICONIQUE DE POÉSIE À L;A PORTE DE GARAGE OUVERTE SUR LA RUELLE DES PEINTRES… UN VILLAGE EST NÉ ET JEL’AI VU MOURIR PAR LA NAISSANCE DES PIERROTS DEUX PIERROTS

C’est drôle…

Je suis à la bibliotheque de l’UQAM, plongé dans le doctorat de notre équipe de recherche (Auld, Woodart, Rochette) à poursuivre inlassablement ma lecture du dictionnaire Nadeau (p.449), la capuche sur la tête, le foulard de l’UQAM bien enserré autour du cou, mes mitaines d’hiver remplissant mes mains de mots analogiques…

Et soudain, comme cela arrive de plus en plus en vieillissant, de vieilles images que j’avais enterrées luttent pour prendre possession de mon cerveau….Paul Gouin, petit fils d’un premier ministre de la province de Québec, aristocrate avait comme secrétaire à Ottawa Madame Martin, sa maîtresse…

Le mari de Madame Martin possédait un salon funéraire… (devenu par la suite, le café St-Vincent)… La légende raconte qu’un jour, Paul est arrivé età dit au mari de Madame Martin «Comment ça coûte pour que tu partes?… et il a pris possession du salon funéraire…

Madame Martin fit déménager Paul en haut du salon où on traitait les cadavres et Paul lui demanda… Qu’Est-ce qui te rendrait heureuse? Et elle de dire: Je voudrais avoir un café-restaurant avec des chanteurs….

C’est comme ça que j’arrivai dans le village où Paul Gouin avait chez le père Leduc sa table réservée pour écrire ses poèmes… J’arrivais du Japon avec les Contretemps… j’y étais arrivé par hasard et je commençai à y chanter… je m’enfuis de chez ma tante Lucienne où je restais et me louai une petite chambre dans le Vieux…

On gagnait si peu… ça me coutait 15$ pour ma chambre… $15 pour manger… et je déposais $15 à la banque et $5.00 pour mes petites dépenses (le devoir à toutes les nuits sur la rue St-Denis après la fermeture du St-Vincent….

Nous étions des rois poètes… Une vieille guitare, de mauvais micros, la fenêtre de garage ouverte où il faisait si froid l’automne ou le printemps et nous chantions nos folklores… ou plutôt nous faisions plaisir à Paul et faisant chanter les gens….

Je ne buvais pas, fumais pas, droguait pas… je rêvais ma vie en apprenant aucune chanson par cœur, utilisant mes nuits pour copier des nouvelles chansons dans un cahier que je lisais sur scène pour mieux les habiter comme un enfant nu dans des champs de bleuets.

Nous étions poésie… Pendant que Vigneault, Leclerc Léveillée et les autres faisaient carrière, nous rêvions notre bohème…. la poésie de Paul Gouin me manque encore aujourd’hui… Il était un aigle parmi les oisillons que nous étions…

Michel le concierge y fut client très tôt… jusqu’à ce qu’un jour il vienne nous rejoindre sur scène… Le matin, dans nos conseil d’administration de la créativité… nous revoyons dans les yeux l’un de l’autre la poésie de notre jeunesse…. Lui joue encore de la guitare… il possède encore la guitare de nos jeunes années… moi j’ai jeté la mienne… mes 100 chansons…ma voix… mon passé dans le ruisseau sans fin d’un doctorat heureux…

Comment un tout petit café devint le rendez-vous de tout le Québec… avec des files inimaginables à la porte du garage aux prtes ouvertes… et cela durant de longues années où chaque soir repsirait l’immortalité d’une jeunesse inassouvie…

Dans le roman «l’ile de l’éternité de l’instant présent» (www.demers.qc.ca) je raconte cet épisode de l’histoire méconnue du Québec… J’avais l’habitude de m’enfuir dans les ruelles du vieux entre les sets… parfois les chansonniers me suivaient… Un jour Jos me demande… pourquoi? pourquoi? tu fuis entre les sets… Parce que je veux tout enregistrer pour un jour vous raconter, moi qui ne suit qu’un imposteur qui chante que parce que mon père et mon grand-père et mon oncle Paulo ont passé avant moi.

Claude-Alexandre Desmarais avait publié mes poésies dans «Pierre Rochette chante le Vieux Montréal», un recueil qu’il vendait un par un… et je me sentais là aussi un imposteur…

Je rêvais déjà que la terre entière devienne une boîte à chansons pour chaque personne humaine… et c’est peut-être à cause de ce rêve que je suis devenu chercheur

à suivre…