LA COULEUR MAUVE, UN INDICE DE VIE EXTRATERRESTRE

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La couleur mauve, un indice de vie extraterrestre

Publié le vendredi 26 octobre 2018 à 16 h 39
Mis à jour le 27 octobre 2018 à 4 h 22
Une galaxie de l’Univers en trois dimensions.Au même titre que le bleu et le vert, la couleur mauve est un indice de vie extraterrestre, estiment des chercheurs américains dans une étude. Photo : iStock

Des astronomes utilisent la couleur reflétée par la surface d’une exoplanète pour évaluer ses chances d’abriter la vie. La teinte bleu pâle de la Terre est celle qui est la plus recherchée. Or, des scientifiques qui se sont penchés sur le lointain passé de notre planète suggèrent qu’une autre couleur, assez inhabituelle, pourrait être d’un grand intérêt.

Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné

En regardant la Terre de l’espace, deux couleurs sautent aux yeux : le bleu, reflété par nos océans liquides, et le vert, indiquant la présence de végétaux.

Ces deux couleurs sont d’importants indices de la vie qui se trouve sur notre planète, au point où des chercheurs en quête de vie extraterrestre traquent la combinaison de ces teintes à la surface d’autres exoplanètes dans l’espoir d’y déceler un signe annonciateur d’une planète habitable.

Toutefois, une analyse publiée par des chercheurs américains propose d’ajouter une autre couleur à cette liste d’indices de vie : le mauve.

À première vue, l’ajout peut paraître étrange. Le mauve n’est pas une couleur dont les teintes sont couramment observées dans la nature.

Or, cela n’a pas toujours été le cas. Selon eux, il y a des milliards d’années, certaines des premières formes de vie sur Terre auraient pu avoir cette couleur en commun. En raison de leur nombre, ils auraient alors donné à notre Terre une teinte pourpre la rendant méconnaissable à nos yeux.

Pour les chercheurs, une connaissance plus approfondie de ces variations de « styles » dans l’apparence de la Terre à travers l’histoire ouvrirait de meilleures perspectives pour la recherche de vie ailleurs dans l’Univers.

Une question de reflets

Toutes les couleurs que nous pouvons voir à l’œil nu existent grâce à des propriétés de la lumière. La lumière blanche, telle que celle produite par notre Soleil, est composée d’une multitude d’ondes électromagnétiques, certaines couvrant l’ensemble du spectre des couleurs.

Les ondes plus courtes tirent vers le violet, les plus longues tendent vers le rouge et toutes les autres teintes se situent entre ces deux extrêmes.

Si un objet a une couleur, c’est qu’il est composé de matériaux capables d’absorber certaines longueurs d’onde et d’en refléter d’autres.

Dans le cas de la couleur d’une feuille d’arbre, le vert vient du fait que la chlorophylle absorbe principalement les longueurs d’onde rouges et bleues afin de produire son énergie. Le vert sera donc reflété, lui donnant sa couleur à nos yeux.

Il en va de même pour le bleu de l’océan ou celui du ciel, dont la transparence possède la propriété de facilement diffuser la longueur d’onde bleue, ce qui, sur une épaisseur de plusieurs kilomètres, lui donne cette couleur.

L’hypothèse de la terre mauve

Une membrane et des microorganismes. Une floraison de microorganismes dans un étang de sel en Australie Photo : Courtoisie Cheetham Salt Co, Victoria Laye et Priya DasSarma
Il existe sur Terre de très anciennes formes de vie, nommées archées, des êtres unicellulaires ressemblant à des bactéries, mais formant une grande famille évolutivement séparée de tout autre être vivant.

Bien qu’il soit très difficile d’évaluer l’ordre d’apparition sur Terre des toutes premières formes de vie, les archées restent très anciennes et pourraient être apparues sur Terre il y a plus de 3 milliards d’années.

Certaines archées produisent leur énergie de la même manière que les plantes, en absorbant la lumière du soleil. Toutefois, contrairement à l’usage que font les plantes de la chlorophylle, les archées utilisent plutôt une molécule nommée rétinal, qui absorbe principalement la longueur d’onde correspondant au vert et au jaune, donnant à l’organisme qui le possède une teinte mauve.

Cette molécule est bien moins efficace que la chlorophylle pour la production d’énergie et n’entraîne pas de production d’oxygène. Toutefois, sa méthode s’avère beaucoup plus simple dans ses réactions chimiques et aurait pu être employée par des organismes sur Terre en même temps ou même avant l’arrivée de la chlorophylle et de la production d’oxygène, il y a 2,4 milliards d’années.

Ces formes de vie existent encore aujourd’hui, donnant une couleur mauve à certains environnements extrêmes. Si elles avaient été en nombre suffisamment grand, il y a de cela plusieurs milliards d’années, elles auraient pu donner à la surface de la Terre une teinte lavande, bien différente de celle d’aujourd’hui.

Un indice de vie

Même s’il sera difficile de prouver que la Terre a déjà été si différente, la présence, encore aujourd’hui, de formes de vie utilisant le rétinal comme mécanisme de production d’énergie montre que ce mode de survie convient parfaitement à plusieurs espèces.

Alors que des télescopes toujours plus performants sont en construction et que les chercheurs deviennent de plus en plus inventifs dans leur quête de vie extraterrestre, ces travaux suggèrent que l’observation des signes apparents de la vie ailleurs ne doit pas être basée uniquement sur la recherche de ressemblances avec la Terre actuelle, mais aussi avec la Terre du passé.

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