QUEL ÉTAIT LE RÊVE DE MON GRAND-PÈRE LUCIEN, DE MON PÈRE ROGER ET MON ONCLE PAULO…. LE MÊME QUELE MIEN… LE DROIT UNIVERSEL À UNE ERRANCE POÉTIQUE PAR LA VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART

Il y a trois sortes d’errances… l’errance fantômatique (les sans-papiers du monde entier par exemple), l’errance axiologique (ceux ou celles qui se battent pour une cause contre une cause, exemple Trump contre Clinton) et l’errance poétique ( ceux et celles pour qui les malheurs de la vie ne sont qu’une gare où le bonheur de vivre fait le plein dans la marche vers son rêve épique).

Dans tous mes vagabondages poétiques, je n’ai trouvé qu’un seul environnement de nature poétique qui ressemblait à la ville de La Tuque où je suis né, et c’est Caraquet au Nouveau-Brunswick…

Oui Caraquet… Ce village cité comme le plus long du monde dans un dictionnaire était habité entre deux extrémités… par  les purs à un bout (les religieux avec un lieu de pèlerinage) et les impurs à l’autre bout (lieu des marins du monde entier vivant de la pêche).

Oui Caraquet… Dans un milieu presqu’uniquement catholique, le ciel d’un côté, le purgatoire dans le milieu et l’enfer à l’autre bout… le seul errant poétique possible était celui ou celle qui le marchait comme Ulysse dans l’iliade sans se faire endoctriner autant par les esclaves du spirituel que par les esclaves du materiel. Juste le temps de prendre un café chez Tim Horton, de dormir sous la galerie du musée local les jours de pluie et de s’enfouir entre les mouettes et les vagues dans l’intemporalité de l’errance heureuse…

Je peux dire que La Tuque du temps de la jeunesse de mon grand-père Lucien, était divisé par une voie ferrée entre les anglicans capitalistes nourris à la lecture de la bible et le devoir de réussir financièrement et les catholiques prolétaires mis à genoux par le chapelet, le papisme et la moutonisation des consciences frileuses.

Mais, les anglicans qui possédaient le moulin de La Tuque adoraient à ce point la musique classique qu’ils achetèrent des instruments de musique pour que leurs ouvriers jouent d’un instrument et forment une harmonie… Et les esclaves devinrent soudain les coureurs des bois d’un univers impossible pour eux: l’errance poétique.

La musique classique devint l’ancrage de l’errance poétique de toute une ville durant plus de 50 ans…. au point où il y eux deux harmonies musicales en guerre, 2 orchestres Rochette en guerre… et Simon Gauthier décrit magnifiquement cette scène où en 1929 mon grand-père promène sa femme et ses enfants jouer de la musique d’une maison à l’autre pour chasser la misère sociale par leur errance poétique…. Mon grand-père Lucien et mon père avec une mandoline dans les mains à 5 ans et mon oncle Paulo à 9 ans avec une guitare je crois et ma grand-mère Lumina… furent les premiers chasses-misères de deux esclavages spirituels … celui luthérien des riches et celui papiste ultramontain des pauvres….

Et les années passèrent…. arriva 1945

Parce que La Tuque était enclavée entre deux montagnes et que Trois-rivières était à plus de 100 kilomètres, sans radio, sans télévision, La ville de La Tuque devint un immense conservatoire de musique classique par ses citoyens et pour ses citoyens… chaque été dans les parcs, il y avait concert et à chaque fête, une parade et à Noel, une arrivée du père Noel au son de la musique classique.. Mon père, qui avait gagné le premier pris de trompette provincial en 1948 à C.K.A.C en était l’âme poétique……

Et les années passèrent… arriva 1965

Moi-même, avec Madame Mongrain et quelques enfants, je fis partie d’une imitation de la famille trapp quand l’harmonie de Latuque d’Aubert Montgrain envahit poétiquement la Place des arts, en 1965
(LATUQUOISERIES) www.latuquehistoire.blogspot.com

Et j’ai retrouvé sur Internet une photo de moi à 13 ans, avec la jeune harmonie de l’école Champagnat de La Tuque au moment où nous nous apprêtions à partir pour montreal, Place des arts… on me voit debout en avant…. dans une attitude que n’auraient pas renié Mon grand-père avec ses bottes pour aller plus loin dans la vie, mon oncle Paulo et son avion de chasse-misère et mon père avec sa trompette pour annoncer la beauté du monde cachée dans le cœur de sa musique…

 

ET LES ANNÉES PASSÈRENT… ET EN UNE NUIT…. lA TUQUE QUI S’ÉTAIT BÂTI SUR UNE LÉGENDE MOURRUT COMME ON SE MEURT DANS LES CONTES DE FÉE.

Tout ça s’effondra en une seule nuit, quand Le directeur de l’harmonie de La Tuque, Aubert Mongrain, qui devait avoir 50 ans à l’époque, s’enfuit avec une jeune musicienne de 15 ans pour vivre une grande histoire d’amour… qui dura plus de 20 ans…

Un jour que je retrouvai Aubert à Longueuil à plus de 80 ans… je lui demandai… Pourquoi il avait choisi l’errance poétique par une histoire d’amour impossible… ET IL ME RÉPONDIT… pierrot elle était musique et je n’ai fait que marcher ma liberté par la musique toute ma vie.

Quand Aubert Mongrain est décédé…. c’est la légende même de la musique chasse-misère qui s’enfuit avec lui….

et cette légende d’une ville coureuse des bois de l’errance poétique est venue se blottir au centre même de mes angoisses de chercheur universitaire.

Il en est ressorti quatre questions

QUEL EST TON RÊVE?

DANS COMBIEN DE JOURS?

QU’AS-TU FAIS AUJOURD’HUI POUR TON RÊVE?

EN QUOI TON RÊVE PREND-IL SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?

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Pierrot vagabond

www.lepaysoeuvredart.com
Michel le concierge